Analyse POLITIQUE
Climat: le Canada va-t-il enfin tenir ses promesses?
[Photo: 358611 | Pixabay]
- L’été sera chaud, possiblement le plus chaud de l’histoire du Canada, ce qui propulsera sans doute au premier plan les enjeux climatiques. Le gouvernement Trudeau en profite pour annoncer de «bonnes nouvelles».
- Le caractère électoraliste de ses annonces n’échappe à personne. Néanmoins, Justin Trudeau peut prétendre qu’il est de bonne foi, grâce à l’adoption de la loi C-12 qui engage le pays à devenir carboneutre d’ici 2050.
Ces derniers jours, le premier ministre et ses ministres entreprenaient, à la manière du Petit Poucet, d’égrener les mesures visant à réduire les émissions de carbone. Il a ainsi annoncé que:
- Les voitures et les camions légers à passagers vendus après 2035 devront tous être à zéro émission.
- Le train à grande fréquence (TGF) entre Québec et Toronto passe à l’étape des consultations.
- L’entreprise sidérurgique ontarienne Algoma Steel, soutenue par une subvention de 420 millions $, remplacera le charbon par l’électricité.
Au moment où le mercure bat des records, ces annonces – et il y en aura bien d’autres – sont susceptibles de retenir l’attention des électeurs inquiets du réchauffement climatique, davantage qu’une loi sur la carboneutralité.
Adoptée en toute fin de session parlementaire, la loi C-12 n’a pas fait les manchettes.
- La découverte de centaines de tombes d’enfants près des pensionnats pour Autochtones dans l’ouest du pays retenait bien davantage l’attention du public.
La Loi C-12 sur la carboneutralité est pourtant le geste le plus significatif posé par Ottawa pour combattre les changements climatiques.
La loi fixe un objectif à l’horizon 2050 et il contraint le gouvernement actuel, comme tous ceux à venir, à prendre des mesures pour l’atteindre.
Cette loi encadrera l’action des gouvernements en les obligeant :
- à se fixer des cibles quinquennales;
- à se doter de plans d’action dont l’efficacité sera évaluée par le commissaire au développement durable;
- à rendre compte au parlement des progrès réalisés, et à corriger le tir le cas échéant;
- à créer un comité consultatif.
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Les groupes environnementaux ont bien accueilli cette loi malgré ses imperfections. Elle était attendue depuis si longtemps.
D’autres pays ont agi bien avant.
- Le Royaume-Uni a adopté dès 2008 sa Loi sur la responsabilité climatique qui lui a permis de réduire de 40% ses émissions de GES.
Le Canada s’était engagé sous le gouvernement Harper à une réduction de 30% de ses émissions, par rapport à leur niveau de 2005, d’ici 2030.
- Pas plus que les autres fois, le Canada n’a tenu sa promesse.
- Ces 10 dernières années, ses émissions ont en fait augmenté plutôt que de diminuer.
- Il est le seul pays du G7 dans cette situation.
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Le gouvernement Trudeau vise maintenant une réduction d’au moins 40% des émissions à l’horizon 2030 pour les ramener à 438 mégatonnes par an.
Le rattrapage à faire est considérable. Pour aller plus loin, lisez la chronique Les ambitions climatiques du Canada sont-elles réalistes?
Le plan de transition vers les énergies renouvelables repose d’abord sur la taxe du carbone.
- D’ici 2030, elle passera de 50 $ à 170 $ la tonne.
S’ajoute une enveloppe de 17 milliards $ pour promouvoir une reprise verte.
- Le gouvernement Trudeau puise dans cette enveloppe pour financer des mesures ciblées comme celles annoncées ces derniers jours.
Atteindre la cible de 2030 exigera un effort constant, mais aussi un minimum de cohérence. Ottawa ne pourra continuer d’investir en parallèle dans les énergies fossiles.
La loi sur la carboneutralité permet d’espérer que prendra fin la série noire des promesses brisées. À la prochaine conférence sur les changements climatiques en novembre à Glasgow, le Canada pourrait ne plus être le cancre de la classe.
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