Entrevue

Le Plan canadien de réduction des émissions de GES est-il suffisant?

Mis à jour le 22 juil 2022
par Johanna Sabys
Le Plan canadien de réduction des émissions de GES est-il suffisant?

Justin Trudeau et ses ministres mardi (Source: Twitter du premier ministre)

  • Le gouvernement fédéral a présenté fin mars 2022 un plan qui prévoit 9,1 milliards $ pour réduire d’ici 2030 les émissions canadiennes de GES de 40% par rapport à 2005, soit la fourchette basse de la cible de réduction de 40 à 45% qu’il s’est fixé l’an dernier. 
  • Il n’impose pas cette cible de réduction aux industries les plus polluantes – le secteur pétrolier et gazier, et le transport –, déplore en entrevue à InfoBref Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace Canada.

Le plan du gouvernement Trudeau est le «plus détaillé et transparent qu’on a eu jusqu’à maintenant, reconnaît Patrick Bonin. Mais il reste insatisfaisant à plusieurs égards».  

Dans son plan, Ottawa prévoir d’investir:

2,9 milliards $ pour faciliter la transition vers des véhicules zéro émission (VZE), en ajoutant 50 000 bornes de recharge électrique et par une nouvelle réglementation: 20% des véhicules neufs vendus en 2026 devront être des VZE, et 60% en 2030;  

2,2 milliards $ pour financer des projets menés par les provinces, territoires, villes, écoles ou organismes pour réduire leurs émissions;

1 milliard $ pour moderniser le parc immobilier existant et construire de nouveaux bâtiments carboneutres;  

1 milliard $ pour aider les agriculteurs à adopter des pratiques durables et des technologies écoénergétiques; 

850 millions $ pour développer les énergies éolienne et solaire, et rendre le réseau électrique carboneutre d’ici 2035; et

780 millions $ pour aider les océans, zones humides, tourbières et prairies à capter et stocker le carbone.

Autre nouveauté: le plan ajoute un nouvel objectif intermédiaire de réduire d’ici 2026 les émissions de GES de 20% par rapport à 2005. 

Les GES du pétrole et du gaz sont plafonnés au niveau actuel.  

Selon le plan, le secteur pétrolier et gazier devra, d’ici 2030, réduire ses émissions de 31% par rapport à 2005. 

  • C’est la première fois qu’un plan climatique canadien prévoit une réduction significative des émissions du secteur.

Ce plan n’est pas assez exigeant, dénonce Patrick Bonin.  

Le gouvernement demande moins d’effort au secteur le plus polluant qu’au reste de l’économie canadienne, qui devra compenser, explique-t-il. 

  • Selon lui, le plan accorde trop de financement public à l’industrie pétrolière et gazière pour séquestrer et capturer du carbone. 
  • Il croit que ces entreprises devraient supporter la réduction de leurs émissions, selon le principe du pollueur-payeur.  

Plus d’efforts devraient être faits dans le transport, dit Patrick Bonin.  

Selon le plan, le secteur des transports devra, d’ici 2030, réduire ses émissions de 11% par rapport à 2005. 

  • Dans ce secteur-là aussi, dit-il, il faudra une volonté du gouvernement fédéral et des provinces pour limiter «l’auto-solo» et imposer des pénalités à l’achat de véhicule polluant.  

Le Canada ne fait pas sa juste part, en tant que pays riche et développé, selon les organismes gouvernementaux et la société civile, souligne-t-il.  

  • Cette juste part est une réduction de ses émissions de GES d’au moins 60% d’ici 2030 par rapport à 2005.
Johanna Sabys