ENTREVUE
«La vaccination obligatoire ne devrait pas être politisée»
Mis à jour le 19 août 2021
Publié le 18 août 2021
Le professeur Olivier Jacques, politologue à l’École de santé publique de l’Université de Montréal
- Le professeur Olivier Jacques, politologue à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, a expliqué à InfoBref qu’il peut être risqué d’amener la vaccination dans l’arène électorale.
- Selon lui, imposer la vaccination – aux fonctionnaires ou aux travailleurs de la santé – peut s’avérer nécessaire, mais il ne faut pas politiser un tel enjeu de santé publique.
En ce début de campagne fédérale, le premier ministre libéral et le chef du Parti conservateur s’affrontent sur la question de la vaccination.
- Justin Trudeau reprochait mardi à Erin O’Toole d’être opposé à la vaccination obligatoire dans la fonction publique et pour les voyageurs.
Quel est le danger?
- Le professeur Jacques croit que placer la vaccination au cœur de la campagne électorale, et attaquer un autre parti sur cet enjeu, pourrait nuire à la campagne vaccinale.
- Il est important de convaincre les indécis, dit-il, mais pour y parvenir, «il ne faut pas les braquer, en attaquant le parti qui pourrait les représenter».
- Selon lui, des électeurs conservateurs pourraient, par exemple, refuser de se faire vacciner parce qu’il s’agit d’une demande du gouvernement Trudeau.
La stratégie libérale pourrait être risquée:
- Selon le professeur Jacques, le Parti libéral met «les conservateurs dans le coin, pour montrer aux Canadiens qu’ils sont moins en faveur de la vaccination et du passeport vaccinal».
- Les libéraux «savent que ces mesures sont populaires», et ils «veulent marquer des points», mais ce n’est pas la bonne stratégie pour encourager les personnes qui hésitent encore à se faire vacciner.
Au Québec, le gouvernement Legault a annoncé mardi qu’il imposerait la vaccination aux travailleurs de la santé.
Vers un consensus des partis québécois sur la vaccination obligatoire:
- Les partis d’opposition seront consultés la semaine prochaine en commission parlementaire.
- Mais ils ne devraient pas s’y opposer: le Parti libéral du Québec et Québec solidaire se sont déjà exprimés en sa faveur pour les travailleurs de la santé.
Mais Legault a fait «une erreur» en refusant de débattre sur les autres mesures sanitaires à l’Assemblée nationale, croit le politologue.
- Selon lui, il est important d’utiliser les institutions démocratiques pour se prononcer sur de tels enjeux.
- «Les gouvernements apprécient le contrôle que la pandémie leur a donné», dit-il.
- «François Legault a eu tendance à limiter la longueur des débats démocratiques, et à valoriser l’efficacité plus que la démocratie.»