InfoBref vous est offert gratuitement
grâce au soutien de nos Grands partenaires:

Entrevue

Énergie: le Canada commettrait-il «une erreur» en misant davantage sur le marché asiatique?

Mis à jour il y a 7 h
par Johanna Sabys
Énergie: le Canada commettrait-il «une erreur» en misant davantage sur le marché asiatique?

Pierre-Olivier Pineau

Mark Carney dit qu’il veut faire du Canada une «super-puissance énergétique», notamment en exportant du gaz naturel liquéfié et d’autres sources d’énergie vers les pays asiatiques.

Le professeur Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, croit que le Canada ferait «une erreur stratégique» s’il tentait «de se positionner encore plus comme un fournisseur d’énergie en Asie».

Il avance 3 raisons:

  1. un risque de concentration sur les ressources naturelles;
  2. des couts peu concurrentiels de production et de transport;
  3. un impact négatif sur les émissions de GES.

À l’issue d’un voyage de 9 jours en Asie, le premier ministre fédéral a déclaré le mois dernier que d’ici 2030 le Canada fournirait 50 millions de tonnes de GNL par an aux pays asiatiques, et qu’il pourrait en fournir le double d’ici 2040. 

Pierre-Olivier Pineau reconnait que le Canada a des ressources énergétiques qui lui permettraient de contribuer davantage à l’approvisionnement de l’Asie. 

Il soutient toutefois, en entrevue à InfoBref, que ce ne serait «pas avantageux de le faire», et ce pour trois raisons.

1) L’économie canadienne est «déjà très axée sur les ressources naturelles». 

Il juge qu’il ne faut pas leur «tourner le dos», mais qu’il faudrait plutôt les voir «comme un secteur limité, duquel il faut chercher à se diversifier».


L’essentiel des nouvelles en 5 minutes? C’est ce quoffre chaque jour l’infolettre InfoBref Matin aux entrepreneurs, gestionnaires, professionnels et investisseurs. Essayez-la: inscrivez-vous gratuitement ici ou en cliquant Infolettres en haut à droite


2) Les coûts de production et de transport des hydrocarbures canadiens sont «plus élevés que ceux de ses compétiteurs».

«Il y a actuellement une abondance de gaz naturel et de pétrole dans les marchés – les bas prix en sont le reflet», note le professeur.

Il estime que ce ne serait «pas très rentable» pour le Canada de miser sur ces produits. 

3) D’un point de vue environnemental, le Canada «doit chercher des sources énergétiques qui n’émettent pas de GES».   

«Le Canada est un chef de file en hydroélectricité et en nucléaire, rappelle Pierre-Olivier Pineau. Il développe aussi un secteur de l’éolien et du solaire, qui pourrait inspirer l’Asie.» 

Le professeur croit par ailleurs que le Canada a d’importants progrès à faire en efficacité énergétique.

Selon lui, cela pourrait être: 

  • «une source de productivité et de croissance» pour le pays; 
  • «une expertise» qu’il pourrait transférer ailleurs.
Johanna Sabys

Dernières nouvelles