Analyse POLITIQUE
Métro, tramway, REM: Legault veut satisfaire les banlieues
Maquette du tramway de Québec (source: Ville de Québec)
- Signe que les temps changent, les grands investissements publics en infrastructure des prochaines décennies favoriseront le transport en commun. Québec aura son tramway, tandis qu’à Montréal le REM étendra ses tentacules à l’Est, à Laval et sur la Rive-Sud.
- Les premiers concernés par le développement de ces projets, les municipalités, doivent se plier aux volontés du gouvernement en place à Québec, au nom d’intérêts dits supérieurs et aux connotations électoralistes.
Le maire de Québec, Régis Labeaume, l’avait peut-être oublié, mais le véritable patron des municipalités est le premier ministre du Québec. Comme le veut l’expression, elles ne sont que «les créatures des provinces».
«Who pays the piper calls the tune», lui a rappelé François Legault qui entend modifier le tracé du projet de tramway conçu par la ville. Après tout, ce projet de près de 3,3 milliards $ est financé pour l’essentiel par le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral.
Le reproche fait au maire Labeaume est de ne pas avoir intégré à son projet certaines des banlieues de sa ville.
- Des promesses électorales leur avaient été faites en 2018.
- Le parti ministériel veut les tenir.
Cette rebuffade est offensante pour le maire Labeaume, comme pour tous les élus municipaux.
Qui mieux qu’eux connaissent les besoins de leurs concitoyens, et peuvent le mieux planifier l’aménagement de leur territoire? C’est ce que croyait avoir bien fait la ville de Québec qui planche sur ce projet depuis des années.
Le sort réservé au maire de Québec n’est pas différent de celui des maires de la région métropolitaine de Montréal à qui échappe le développement du Réseau express métropolitain.
La planification et le développement du REM appartiennent à la Caisse de dépôt et placement via sa filiale CPDQ Infra. Son seul interlocuteur est le gouvernement du Québec.
L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), récemment créée pour planifier et organiser le transport en commun de la grande région de Montréal, n’a rien à dire. Elle doit s’adapter aux décisions de CPDQ Infra.
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Le pouvoir donné à CPDQ Infra est considérable.
- Le développement des grands axes de transport orientera pour des décennies le développement du territoire et son aménagement.
- C’est ainsi que la construction des autoroutes desservant Montréal a favorisé par le passé le développement des banlieues.
Des projets de prolongement du REM à Laval et à Longueuil et sur la Rive-Sud dans un axe est-ouest sont à l’étude présentement à la demande à la demande du gouvernement Legault.
S’ils se réalisent, ils conforteront le développement des couronnes au détriment de la ville-centre. L’étalement urbain se poursuivra.
La logique qui sous-tend la volonté du gouvernement Legault de favoriser les banlieues répond à une double réalité, ce autant à Québec qu’à Montréal:
- Leur densité de population justifie des investissements importants pour régler des problèmes sérieux de congestion des routes et des ponts.
- Ses habitants sont aussi des électeurs sensibles à la capacité de leurs élus à tenir leurs promesses.
Or, il se trouve que ce sont ces banlieues qui ont permis à la CAQ de former un gouvernement majoritaire en 2018. Leurs citoyens ont alors cru à ses promesses et, lors de la prochaine élection, ils voudront voir que les choses progressent comme promis.
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