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Analyse POLITIQUE

Troisième lien: le pari de 10 milliards $ de François Legault

Mis à jour le 17 août 2021
Bernard Descôteaux
par Bernard Descôteaux
Chroniqueur politique à InfoBref, ancien directeur du Devoir
Troisième lien: le pari de 10 milliards $ de François Legault
  • Québec aura son troisième lien. S’il n’en tient qu’à François Legault et aux électeurs de la CAQ, le tunnel devant relier Québec à Lévis sera le projet de la décennie pour la région de la Capitale nationale.
  • Ce troisième lien ne fait pas l’unanimité. Les milieux d’affaires approuvent. Les environnementalistes dénoncent une vision passéiste privilégiant l’automobile comme mode de transport, avec en corollaire l’étalement urbain.

Établir une troisième voie de communication entre les rives nord et sud du Saint-Laurent est l’objet de débat depuis des années. On doit aux radios de la capitale d’en avoir fait un enjeu politique.

  • Le premier ministre Couillard a, le premier, cédé à leur pression avec un projet de tunnel passant par l’île d’Orléans.
  • La Coalition Avenir Québec fit de sa réalisation la promesse phare de son programme électoral en 2018, s’engageant à ce que les travaux débutent au cours d’un premier mandat.
  • Le projet dévoilé lundi reliera Lévis au centre-ville de Québec. Il ne sera ouvert à la circulation qu’en 2031.

Aucune étude n’existait d’emblée pour justifier ce projet.

Encore aujourd’hui on les cherche.

Celles du gouvernement sur la fréquentation prévue (55 000 véhicules/jour) ne sont pas publiques.

Ce troisième lien prétend réduire la congestion automobile.

L’expérience montre plutôt qu’il n’y a pas de fin à ce phénomène.

  • À peine une nouvelle autoroute urbaine est-elle construite que les banlieues s’étendent et que les bouchons reviennent.

Les planificateurs du ministère des Transports devraient le savoir.

  • Ils ont construit à Québec autoroute sur autoroute.
  • Cette ville est au Canada la deuxième pour le nombre de kilomètres de voies rapides par habitant.

Le transport en commun comme solution de rechange n’y a, par contre, jamais eu la faveur.

Les premières voies réservées ont dû être retirées devant les levées de boucliers.


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Le temps a fait son œuvre.

À la force du poignet, le maire Régis Labeaume aura obtenu l’appui du gouvernement à son projet de tramway.

Quant au tunnel, deux de ses six voies seront réservées aux autobus.

Le gouvernement croit avoir trouvé là l’équilibre entre deux visions.

Certes, il y a progrès, mais l’auto garde la cote.


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Demeure la question de la nécessité d’un troisième lien situé à l’est, alors que le besoin se fait plutôt sentir à l’ouest.

10 milliards $, c’est beaucoup pour un projet dont la seule rentabilité assurée est électorale.

À ces milliards, s’ajouteront les coûts liés au développement urbain et à l’environnement.

En toute logique, ce nouveau lien, dont la tête sud se situera à la limite de la zone agricole à Lévis, engendrera de l’étalement urbain.

Du côté nord, ce sera plus de congestion pour le centre-ville de Québec.

La réalité est qu’aux questions soulevées par les opposants à ce projet, le gouvernement n’a pas de réponses aujourd’hui.

Non plus pour celles relatives au développement économique attendu. Elles viendront, là aussi, a posteriori.

Pour l’instant, c’est un vaste pari sur l’avenir.

François Legault ne s’en cache d’ailleurs pas, disant: «Pour moi, c’est comme une gageure qu’on fait sur la grande région de Québec».

On saura dans dix ou quinze ans, si ce pari aura été gagnant.

Entre-temps, il peut dire «promesse tenue» à ses électeurs, et leur donner rendez-vous à la prochaine élection pour mettre en chantier ce troisième lien.

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Bernard Descôteaux