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Analyse POLITIQUE

Pourquoi les grèves sont de retour

Publié le 27 août 2021
Bernard Descôteaux
par Bernard Descôteaux
Chroniqueur politique à InfoBref, ancien directeur du Devoir
Pourquoi les grèves sont de retour

[crédit photo: Sol | Unsplash]

  • Le calme qu’a connu le monde des relations de travail en début de pandémie est déjà du passé. Arrêts de travail et grèves sont à nouveau en hausse.
  • Le marché de l’emploi est en train de se transformer. Les travailleurs ont de nouvelles attentes qu’ils expriment avec force.

Signe que les temps changent, les conflits de travail font à nouveau les manchettes.

On assiste à un retour du balancier.

Les syndiqués sont davantage revendicateurs, comme l’illustrent les quatre mois de grève à l’usine Olymel de Vallée-Jonction.

À sa première année, la pandémie avait eu un effet modérateur sur les conflits de travail.

  • Quatre fois moins de grèves et lock-out étaient observés au Québec en 2020 comparativement à 2018, soit 26 au lieu de 109.
  • Deux fois moins de jours de travail étaient perdus cette même année 2020, soit 146 000 au lieu des 362 000 perdus deux ans plus tôt.

La pause apparaît toutefois révolue.

Au cours des 6 premiers mois de la présente année, on relève déjà 54 conflits et la perte de 437 000 jours de travail.

Cette augmentation traduit la volonté des travailleurs d’améliorer leurs conditions de travail.

La transformation du marché du travail et la pénurie de la main-d’œuvre leur donnent un net avantage face aux employeurs.

  • Les grévistes de l’usine Exceldor ont ainsi obtenu des gains significatifs en juin après un mois de débrayage.

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Les travailleurs ont le «gros bout du bâton» reconnaissait, voici peu, le premier ministre François Legault.

«Pay them more» disait dans le même esprit le président Biden aux patrons américains.

Payer plus est d’ailleurs ce qu’a fait le gouvernement québécois, forcé dans un contexte de crise de corriger à la hausse les salaires de catégories sous-payées, comme les préposé(e)s des CHSLD.

Enseignants et infirmières ont obtenu des gains significatifs lors des négociations avec les employés du secteur public.

Le secteur privé n’échappe pas à ce mouvement.

Le salaire minimum de 13,50 $ l’heure est la norme dans de nombreuses entreprises.

Les grandes centrales syndicales réclament qu’il passe à 18,00 $.

Certains employeurs, notamment en restauration, reconnaissent que 13,50 $ ne suffit plus.

  • Ils prennent l’initiative de payer plus, seule façon de pouvoir rester en affaires.

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Tous ne sont pas prêts à céder à ce mouvement, voyant dans les revendications syndicales une menace à l’équilibre financier de leurs entreprises.

Leurs résistances conduisent à des grèves comme celles d’Exceldor et d’Olymel où, pour équilibrer les rapports de force, les employeurs mettent dans la balance le maintien des emplois.

Aux yeux du Conseil du patronat du Québec, le rapport de force changera en faveur des employés lorsque prendra fin la Prestation canadienne pour la relance économique.

Ce jour-là, les 128 000 personnes qui touchent cette prestation de soutien seront à nouveau disponibles sur le marché de l’emploi.

Il suffirait donc de patienter? Rien n’est moins certain.

Les attentes des travailleurs face à l’emploi ne sont plus les mêmes.

  • Les prestations gouvernementales de la pandémie leur ont donné un sentiment d’indépendance face aux employeurs.
  • Outre un salaire décent, ils recherchent un travail qui leur apportera une qualité de vie.

Un nouvel équilibre est à établir entre employeurs et employés.

Et, dans un certain nombre de cas, cela passera inévitablement par un conflit de travail. Il faut s’y attendre.

Bernard Descôteaux