Variant Omicron: pourquoi fermer les frontières est inefficace
(Source: Geralt / Pixabay)
- Plusieurs pays occidentaux, dont le Canada, ont fermé leurs portes à des pays africains après la découverte du variant Omicron en Afrique du Sud, sans pourtant fermer leurs frontières à des pays d’Europe ou d’Asie où plusieurs cas ont également été observés.
- Or, selon les experts, ces fermetures n’empêchent pas le variant de se propager à travers le monde. Et, la prochaine fois, un pays pourrait y penser à deux fois avant d’avertir les autres pays de l’arrivée d’un nouveau variant.
L’Afrique du Sud a payé le prix du dépistage rapide et efficace du variant Omicron par le Network for Genomic Surveillance in South Africa, une infrastructure scientifique réputée du pays.
Dès la fin de semaine du 27 novembre, plusieurs pays européens, suivis par le Canada, ont interdit l’entrée sur leur territoire aux citoyens d’Afrique du Sud et de 6 pays limitrophes.
- Pourtant, 4 des 7 pays visés n’avaient recensé [le 2 décembre] aucun cas du variant Omicron.
- La liste canadienne s’est élargie, le 1er décembre, au Nigéria, où un seul cas avait été observé, et à l’Égypte, où aucun cas n’avait été observé.
Début décembre, le Royaume-Uni était le 2e pays, après l’Afrique du Sud, avec le plus grand nombre de cas du variant Omicron (22 cas).
- D’autres pays européens suivaient de près: les Pays-Bas (16 cas) et le Portugal (13 cas).
Il est très peu probable que la coupure des liaisons aériennes empêche le variant de se répandre si, comme les experts le soupçonnent, il s’est d’ores et déjà propagé un peu partout dans le monde.
Pire, cette décision peut être contre-productive.
La fermeture des frontières peut ralentir:
- l’envoi d’équipements dont certains pays auront un urgent besoin; et
- la recherche sur le nouveau variant.
«L’interdiction de voyager va paradoxalement affecter la vitesse à laquelle les scientifiques vont être capables d’enquêter», déplore dans la revue Nature le vaccinologue sud-africain Shabir Madhi.
L’OMS s’oppose à l’interruption des liaisons aériennes.
L’Organisation mondiale de la santé a rappelé cette semaine, comme elle l’avait fait au début de la pandémie, que la meilleure façon de ralentir la propagation du virus était de dépister systématiquement tous les voyageurs entrants et sortants, y compris les citoyens du pays, et de mettre en quarantaine tous les cas suspects.
Les événements du printemps 2020 ont d’ailleurs démontré à quel point interdire l’entrée au pays des citoyens de certains pays était inefficace, surtout si cette mesure n’est accompagnée d’aucune autre.
- Les liaisons aériennes avec la Chine avaient été interrompues dès fin janvier 2020 dans plusieurs pays, dont les États-Unis.
- Mais les citoyens américains en provenance de Chine avaient alors afflué par dizaines de milliers, sans qu’aucun contrôle ne soit effectué dans plusieurs des aéroports.
Il a fallu attendre des mois avant que des politiques de dépistage efficaces ne soient mises en place.