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Analyse POLITIQUE

Réforme linguistique du gouvernement Legault: est-elle trop ambitieuse?

Mis à jour le 28 mai 2021
Bernard Descôteaux
par Bernard Descôteaux
Chroniqueur politique à InfoBref, ancien directeur du Devoir
  • Le déclin constaté du statut du français au Québec a créé un large consensus autour du renforcement de la Charte de la langue française. Tous les partis politiques à l’Assemblée nationale en conviennent.
  • Le gouvernement de François Legault donne avec le projet de loi 96 le coup de barre attendu. Le statut du français comme «langue officielle et commune» des Québécois sera réaffirmé, mais il faudra des années avant que ce déclin ne soit stoppé.

Les groupes nationalistes avaient depuis longtemps soulevé un drapeau rouge quant à l’état du français au Québec.

Les gouvernements précédents, sauf celui – minoritaire – de Pauline Marois, ont tous tergiversé, craignant de s’engager sur un champ miné.

Résultat de ce retard à réagir:

  • Le poids du français comme langue maternelle diminue sans cesse. De 81,5% qu’il était en 1996, il est de 77,9 % vingt ans plus tard.
  • Dans la région métropolitaine de Montréal, il est passé de 68,1% à 64,1% pendant la même période.
  • Sur l’île de Montréal, le point de bascule a été franchi au cours de la dernière décennie. En 2016, le poids du français comme langue maternelle n’était plus que de 49,8%.

Le ministre responsable de la loi 101, Simon Jolin-Barette, avait promis une loi «costaude» pour restaurer la Charte de la langue française mise à mal par une série de décisions des tribunaux au fil des années.

Sa réforme est ambitieuse, voire audacieuse à certains égards.

Trois mesures phares retiennent l’attention.

  • Le recours à la clause nonobstant mettra la loi 96, une fois adoptée, à l’abri des contestations juridiques.
  • Le statut de la nation québécoise et celui du français comme seule langue officielle et commune seront inscrits dans la loi constitutionnelle de 1867.
  • La fin du bilinguisme institutionnel: le français redevient la seule langue de communication de l’État.

Ces mesures auront une portée symbolique forte sur le plan de l’affirmation du Québec comme seul État francophone en Amérique du Nord.


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Plus porteuses de réels changements sont toutefois les dispositions du projet de loi qui visent l’intégration des immigrants à la communauté francophone.

L’objectif est d’accroître les transferts linguistiques des immigrants vers le français, qui n’est que de 53% actuellement.

Au Canada anglais, les transferts vers l’anglais sont de l’ordre de 99%.

Le gouvernement Legault fait ce que plusieurs recommandaient, soit chercher à ce que le français soit perçu par les immigrants comme une langue utile, celle qui leur permet de gagner leur vie.

Il soumet ainsi les petites entreprises, qui ont entre 25 et 49 employés, à l’obligation de se doter de comités de francisation.

Ce sont dans ces petites entreprises que, le plus souvent, les nouveaux arrivants trouvent du travail.

Loi 101 n’obligeait que les entreprises de plus de 50 employés à se doter de plans de francisation. Les milieux de travail en ont été transformés.


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Avec l’obligation de scolarisation en français des enfants d’immigrants, la francisation des milieux de travail est ce qui a le plus contribué à accroître les transferts linguistiques vers le français.

  • Ils sont passés de 25% en 1977 à 53% aujourd’hui.

Mais même si, statistiquement, ces transferts ont doublé en 44 ans, cela n’a pas été pour autant suffisant pour stopper le déclin du français.

La cible qu’il faut viser est connue:

  • Les démographes estiment que les transferts vers le français devraient être de 90 %.

Le gouvernement Legault n’ose pas se donner d’échéancier.

Cela dit l’ampleur du défi. La route pour le relever sera donc longue.

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Bernard Descôteaux