Analyse POLITIQUE
La Caq a-t-elle tenu ses promesses?
François Legault et des ministres (Source: Caq / Émilie Nadeau)
- La Coalition Avenir Québec avait, lors de la campagne électorale de 2018, fait surenchère de promesses pour séduire les électeurs, aussi bien à droite et au centre qu’à gauche.
- À l’heure des bilans, la Caq pourra prétendre avoir tenu parole. Pas à 100%, mais il était utopique d’espérer pouvoir le faire.
L’Assemblée nationale a ajourné ses travaux.
Ces dernières semaines, le gouvernement Legault a accéléré le rythme d’adoption des projets de loi dans l’espoir d’allonger la liste de ses réalisations.
Son bilan, le premier ministre le voulait le plus rose possible.
Le programme qu’avait présenté la Caq aux électeurs à l’automne 2018 était ambitieux.
- En tout, il comptait 251 engagements.
- C’est plus que les 158 promesses de Philippe Couillard à l’élection de 2014.
Au surplus, François Legault promettait de réaliser 100% de ces 251 engagements.
Promesse pour le moins étonnante.
Le chef caquiste, qui a déjà été ministre, ne pouvait ignorer les aléas et les imprévus qu’il allait rencontrer sur sa route.
Si ce n’avait pas été la pandémie, cela aurait été autre chose.
En dépit des deux ans de pandémie, le score du gouvernement caquiste se compare à ceux d’autres gouvernements.
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9 promesses sur 10
Le Polimètre, un instrument indépendant de suivi du Centre d’analyse des politiques publiques de l’Université Laval, fait le bilan suivant des 251 promesses de la Caq:
- 46% sont entièrement réalisées;
- 31% partiellement réalisées;
- 14% en voie de réalisation;
- 6% en suspens; et
- 3% rompues.
Si l’on additionne les promesses réalisées, partiellement réalisées et en voie de réalisation, le score serait de 91%.
Ce bilan se compare positivement à celui du gouvernement Couillard, qui avait été de 81%, ou au 79% de l’Ontarien Doug Ford qui vient d’être réélu.
Justin Trudeau avait tenu quant à lui 91% de ses promesses électorales lors de son premier mandat (2015-2019).
Les promesses électorales ne sont pas toujours des paroles en l’air
Au-delà d’établir un championnat politique, ces données contredisent l’idée reçue que les promesses électorales sont au mieux des vœux pieux.
Il est vrai qu’il arrive que des politiciens renient leurs engagements.
Pensons à Erin O’Toole. Élu chef du Parti conservateur avec l’appui des conservateurs sociaux, le lendemain il s’éloignait d’eux pour défendre le libre choix en matière d’avortement.
L’abandon de la réforme du mode scrutin par le gouvernement caquiste, en dépit des engagements solennels pris par François Legault, a été reçu comme un geste de trahison par ceux qui avaient cru en cet engagement.
Au total, le Polimètre a relevé 9 engagements rompus par les caquistes, la plupart en raison d’une conjoncture qu’on n’est pas arrivé à surmonter – comme dans le domaine de la santé à propos de la réduction des listes d’attente pour les chirurgies.
On pourrait ajouter à cette liste les promesses en suspens.
On trouve là les projets que le gouvernement reconnait ne pouvoir réaliser.
- La déclaration unique d’impôt qu’Ottawa rejette catégoriquement est de ceux-là.
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Se présenter devant les électeurs avec un bilan positif ne garantira pas pour autant à un gouvernement sortant sa réélection.
Malgré un bilan positif, Philippe Couillard fut battu en 2018 tandis que Justin Trudeau s’est vu refuser un mandat majoritaire en 2019.
Une victoire ou une défaite reposera sur plusieurs facteurs.
Le premier de ceux-là sera de pouvoir dire «parole tenue».
C’est un préalable à toute nouvelle surenchère de promesses qui confirmera aux yeux de l’électeur la crédibilité du politicien qui veut obtenir son vote.
Chers lecteurs, cette chronique est la dernière que je signe dans InfoBref. Merci de m’avoir lu ces deux dernières années. Merci à Patrick Pierra de m’avoir invité à collaborer à ce projet auquel je souhaite longue vie. – Bernard Descôteaux