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Analyse POLITIQUE

Le calumet de paix de Justin Trudeau

Mis à jour le 29 sept. 2021
Bernard Descôteaux
par Bernard Descôteaux
Chroniqueur politique à InfoBref, ancien directeur du Devoir
  • La nouvelle gouverneure générale du Canada, Mary Simon, sera assermentée le 26 juillet. Sa nomination a généralement été bien accueillie, bien qu’avec réserves de la part des francophones.
  • Cette nomination, plus que d’autres, est éminemment politique. C’est un calumet de paix tendu aux Premières Nations.

Le choix d’un titulaire au poste de gouverneur général est la prérogative du premier ministre.

Certains, comme Pierre Elliot Trudeau, ont profité de l’occasion pour récompenser des amis, tels les anciens ministres Roméo Leblanc et Jeanne Sauvé.

D’autres ont plutôt cherché des candidats pouvant jouer le rôle de symbole qui conforterait l’image de leur gouvernement.

  • Michaëlle Jean, nommée par Paul Martin, venait confirmer la place des minorités visibles dans un pays devenu postnational par la diversité des origines ethniques de ses citoyens.
  • Julie Payette, une brillante scientifique devenue la première Canadienne astronaute, venait incarner l’image de modernité du jeune gouvernement de Justin Trudeau.

Mary Simon est pour sa part le symbole de la volonté d’un pays confronté à ses démons passés de se réconcilier avec les Premières Nations.

Depuis ces deux dernières décennies, l’histoire pas très glorieuse d’une ère coloniale vient hanter le Canada, comme ces tombes d’enfants non identifiées retrouvées près des anciens pensionnats autochtones qui font aujourd’hui les manchettes.

Personne, à commencer par Madame Simon, n’ignore le rôle qu’on veut lui faire jouer.

À travers elle, c’est un calumet de paix qu’on tend aux Premières Nations – qui auraient mal accepté que ce poste revienne à nouveau à un représentant de l’un des deux peuples fondateurs.


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Cette Inuite présentait le profil idéal.

  • Née à Kangiqsualujjuaq au Nunavik, elle a porté dans sa carrière de nombreux dossiers au nom de sa communauté et des Premières Nations.
  • Elle a été longtemps présidente de la Conférence circumpolaire inuite et ambassadrice du Canada au Danemark.

Ce profil idéal souffre toutefois d’une lacune importante: sa méconnaissance du français.

Il n’y a pas de loi qui impose au gouverneur général de connaître les deux langues officielles.

Depuis presque 50 ans, cela allait de soi que le chef d’un État qui se dit bilingue le soit lui-même.

Cette coutume ainsi brisée met le gouvernement Trudeau en contradiction avec ses propres politiques.

  • Deux semaines plus tôt, son gouvernement proposait une modernisation de la Loi sur les langues officielles pour renforcer justement le statut de la langue française.

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Le choix du gouvernement a soulevé des critiques de la part d’élus francophones et de porte-parole de communautés francophones minoritaires qui craignent qu’un précédent n’ait été posé.

Mais, sauf de la part de quelques commentateurs, elles ont été modérées.

Il n’y a pas eu cette levée de boucliers que d’autres nominations ont déjà provoquée.

Il en est ainsi de la réaction retenue du commissaire fédéral aux langues officielles, Raymond Théberge, devant les quelque 200 plaintes qu’il a reçues.

  • Tout en les accueillant, il appelait néanmoins à la compréhension en raison de la portée symbolique de cette nomination sur le plan de la réconciliation.

Justin Trudeau misait sur le malaise qu’auraient les défenseurs de la place du français dans les institutions fédérales.

Il savait bien que, dans la conjoncture actuelle des relations avec les Premières Nations, on ne pouvait rejeter son choix sans avoir mauvaise conscience.

À la veille du déclenchement des élections, il aura réussi à tirer les marrons du feu.

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Bernard Descôteaux