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Analyse POLITIQUE

Budget du Québec: pourquoi Éric Girard a choisi le consensus

Mis à jour le 17 mars 2022
Bernard Descôteaux
par Bernard Descôteaux
Chroniqueur politique à InfoBref, ancien directeur du Devoir
Budget du Québec: pourquoi Éric Girard a choisi le consensus

(Source: Twitter)

  • Devant une pandémie encore virulente, le ministre des Finances a présenté jeudi un budget inspiré par la prudence en se donnant deux ans de plus pour assurer le retour à l’équilibre budgétaire.
  • Compressions et hausses d’impôt, ce sera pour plus tard… s’il y en a. Le gouvernement Legault garde espoir qu’Ottawa finira par accorder aux provinces une hausse des transferts en santé.

Éric Girard se devait de lever l’obligation inscrite à la Loi sur l’équilibre budgétaire d’éliminer en cinq ans les déficits budgétaires.

C’était le geste à poser. Se tenir à l’échéance de cinq ans l’aurait forcé dès cette année à entreprendre des compressions ou à augmenter les impôts.

La pandémie n’est pas terminée. Une troisième vague menace. Ce n’était pas le temps de revenir à l’austérité budgétaire pratiquée par les libéraux il n’y a pas si longtemps. Même ceux-ci l’ont prié de ne pas tomber dans ce piège.

Tous les gouvernements ont été forcés par la crise sanitaire à creuser leurs déficits. Le Québec n’est pas dans la pire situation:

  • L’Ontario, qui déposait mercredi un budget de 186 milliards $, prévoit pour l’exercice financier 2021-2022 un déficit de 33,1 milliards $. La province se donne 10 ans pour l’éliminer.
  • Le Québec, avec des dépenses de 131 milliards $, anticipe un déficit de 12,3 milliards $ pour la même période. Il se donne 7 ans pour l’effacer.

Pas plus le ministre des Finances de l’Ontario que celui du Québec ne savent toutefois comment ils arriveront à résorber leurs déficits.

«Chaque chose en son temps», de dire Éric Girard. L’urgence est dans la poursuite des efforts de lutte contre la pandémie, et dans la relance économique.

Cette approche fait consensus, y compris chez les partis d’opposition – si ce n’est qu’ils trouvent que Éric Girard aurait pu être plus généreux sur le plan des mesures sociales et plus audacieux dans le soutien de l’économie verte.

Bref, pourquoi pas un déficit de 13 ou 14 milliards, plutôt que de 12 milliards $?

La question à cet égard est de savoir où s’arrêter.

Lorsque viendra dans deux ans le temps d’entreprendre la marche vers le retour à l’équilibre budgétaire, cette marche sera exigeante.

Éric Girard le sait. Il fera face à un déficit structurel de revenus de l’ordre de 6,5 milliards $.

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Le pire à cet égard n’est toutefois pas certain. Compressions budgétaires ou nouveaux impôts pourraient être évités.

  • L’argent qu’attend le Québec d’Ottawa pour les transferts en santé pourrait venir. Sans doute pas à la hauteur des 6 milliards demandés, mais peut-être le quart ou le tiers de cette somme.
  • La relance économique pourrait aussi porter fruit et entraîner une hausse significative des revenus autonomes du gouvernement. Ce n’est pas impossible. Même pendant la pandémie, les recettes tirées des impôts des particuliers ont augmenté.

La prévision de croissance du PIB retenue par le ministre pour ce budget apparaît un brin timide. À 4,2% pour le prochain exercice financier, elle est inférieure d’un point de pourcentage à celles de la plupart des prévisionnistes.

Ce ministre espère sans doute en son for intérieur que la conjoncture économique lui réservera de bonnes surprises.

Peut-être s’inspire-t-il de Paul Martin qui, lorsqu’il était ministre des Finances de Jean Chrétien, noircissait le tableau en début d’année pour apparaître ensuite, en fin d’année, comme un magicien.

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Bernard Descôteaux