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Le MONDE en questions

Migrants: l’Union européenne doit-elle clôturer ses frontières?

Mis à jour le 1er déc 2021
Johanna Sabys
par Johanna Sabys
Journaliste à InfoBref
Migrants: l’Union européenne doit-elle clôturer ses frontières?

[crédit photo: Markus Spiske / Unsplash]

  • «Absolument pas», répond sans hésiter à InfoBref le professeur en droit international public de l’Université McGill François Crépeau, ancien Rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l’homme des migrants. «Au contraire, dit-il, l’Europe s’est même engagée à faciliter la mobilité.»
  • La question divise aujourd’hui les pays européens. La Commission européenne refuse fermement de financer des murs aux portes de l’UE, mais plusieurs États membres le demandent en coulisses, et le président du Conseil européen l’envisage.

Début novembre, la situation s’est tendue aux frontières européennes lorsque des milliers de migrants venus du Moyen-Orient se sont massés à la frontière polonaise.

Un afflux créé par la Biélorussie.

La Pologne et les instances européennes ont formellement accusé la Biélorussie d’avoir orchestré cette crise aux portes de l’Europe pour se venger de sanctions occidentales contre son régime autoritaire.

  • Une source au Conseil européen a confirmé à InfoBref que cet afflux de migrants n’a jamais été perçu comme un problème migratoire et qu’il s’agit bien d’une «attaque hybride».  

«C’était un chantage évident», affirme le professeur Crépeau.

Il dénonce toutefois «une instrumentalisation de la vie humaine indigne de l’UE».

  • Au-delà du conflit avec la Biélorussie, «sauver des vies auraient dû être la priorité» des pays européens.
  • Au moins 12 migrants sont morts de froid, souligne-t-il, parce que l’Europe ne les a pas laissé entrer. 

L’Europe ne doit pas «s’emmurer»,dit le professeur Crépeau.

«Elle s’est même engagée à faciliter la mobilité. Mais ce n’est pas ce qu’elle fait en ce moment ni ce qu’elle prévoit de faire dans les 10 prochaines années.» 

Le problème, dit-il, c’est qu’aucun politicien ne mettra sa carrière en jeu en prenant des engagements pro-migrants.

  • «Comment gagner des voix en favorisant l’immigration? lâche-t-il, les migrants ne votent pas et les citoyens s’en fichent.»
  • «Le seul électorat mobilisable sur l’immigration, c’est celui de l’extrême droite qui n’a qu’un seul agenda: voter contre.»

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La Commission européenne s’oppose aux murs.  

  • «L’Union européenne a été divisée par des murs dans le passé», rappelle une source à la Commission européenne, qui est un peu l’équivalent du gouvernement de l’Europe.
  • «Pour la Commission, c’est une position de longue date que les barbelés et les murs ne sont pas financés par le budget de l’UE.»

Mais elle n’empêche pas les États d’en ériger

Les États membres ont la responsabilité d’effectuer le contrôle aux frontières et il leur appartient de déterminer comment le faire.

Le droit de l’UE n’exclut pas d’utiliser des barrières physiques aux frontières, confirme la même source. 

En fait, reconnaît-elle, cela a déjà été fait par certains États membres.

  • La Pologne, par exemple, a dressé des barbelés le long de sa frontière et prévoit de construire un mur sur plus de 100 km.

Mais ces barrières ont été financées au niveau national.

Les fonds de l’UE sont, eux, seulement utilisés «pour renforcer les capacités de contrôle aux frontières des États membres».

Dans le dernier cadre financier européen (2021-2027), 6,4 milliards d’euros ont été alloués aux États pour financer des équipements de surveillance électronique, des véhicules de patrouille ou des images par satellite des infrastructures critiques.

«C’est la gestion des frontières que nous soutenons», a assuré mardi soir dans un discours la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, sans mentionner une seule fois les murs ni les barbelés.

«Sur la Question migratoire, la Commission est prisonnière du fait que l’initiative est au Conseil européen», observe le professeur Crépeau.

(Le Conseil européen réunit les chefs d’État des 27 membres de l’UE et veille aux intérêts des pays.)

  • «Sur la plupart des sujets, la Commission a l’initiative législative. Mais aujourd’hui, en matière migratoire, elle fera ce que le Conseil estime politiquement adéquat», croit-il. 
  • La Commission sait pourtant très bien que l’immigration n’est pas une menace, plutôt une richesse, témoigne-t-il, mais elle est incapable de l’affirmer.

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Le Conseil européen croit que l’UE pourrait financer des murs.

Le président du Conseil, Charles Michel, a reconnu le mois dernier que cette question avait été abordée lors d’un sommet européen, le 22 octobre à Bruxelles.

  • «Quelques États membres ont présenté une lettre en ce sens, et la possibilité de financer la construction de barrières physiques a été discutée», confirme une source au Conseil européen.
  • «Un bon nombre d’États membres considèrent que ce serait bien, et il ne s’agit pas seulement des États qui sont aux frontières de l’Europe.»

Juridiquement, la décision reviendrait à la Commission.

Charles Michel souhaite qu’une décision soit prise bientôt sur ce sujet important.

Il faut clarifier, a-t-il dit, si l’UE peut montrer sa solidarité aux pays qui sont en première ligne en les aidant à protéger leurs frontières nationales qui sont aussi les frontières européennes.

  • À l’intérieur de l’espace Schengen – qui regroupe 26 pays européens – il n’y a pas de frontières.
  • Les frontières extérieures de l’UE sont donc, en effet, des frontières de certains de ses États membres.

Les migrants, eux, ne participent pas au débat, déplore le professeur Crépeau. 

  • Dans tous les pays, dont le Canada, «ils remplissent un rôle important dans la société, mais ne sont pas reconnus comme des acteurs sociaux.»

«Les lois d’immigration sont faites par des politiciens non migrants, pour les non-migrants qui votent pour eux.»

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Johanna Sabys