Analyse POLITIQUE
Pourquoi Montréal ne redeviendra plus tout à fait comme avant
(Photo Unsplash)
- Acteurs politiques et économiques se mobilisent pour relancer l’économie de la métropole de crainte que la crise conjoncturelle actuelle ne devienne structurelle.
- La ville est toutefois plus qu’un lieu économique. Elle est un lieu de vie que la pandémie nous donne l’occasion d’adapter à de nouvelles réalités. Il faut élargir la réflexion.
Mise sur pause par la Covid-19, l’économie de Montréal ressent le ressac vivement avec des pertes de 8,2 milliards $. Son centre-ville est dévasté. Un drapeau rouge est levé.
- Les trois quarts des employés de bureau et de commerce l’ont désertée.
- Ses 125 000 étudiants collégiaux et universitaires suivent dans une proportion de 90% leurs cours à distance.
- Les hôtels ont un taux d’occupation d’à peine de 20%.
Le retour à la normale devrait permettre à l’économie montréalaise de rebondir naturellement. Le Mouvement Desjardins prévoit qu’après un recul de 5,5% en 2020, Montréal connaîtra une croissance de 6,8% en 2021.
Cet optimisme ne doit pas faire oublier que dans plusieurs secteurs, dont certains stratégiques comme le transport aérien et les industries aérospatiales, le rattrapage sera graduel. D’où les appels à la mobilisation lancés par la Chambre de commerce pour s’assurer que la présente crise ne se prolonge pas.
Établir une feuille de route pour sa relance permettra à Montréal d’éviter les enjeux partisans. En 2021, des élections auront lieu à Montréal et presque certainement aussi au plan fédéral. Devant Ottawa, qui prépare un vaste programme de relance d’au moins 70 milliards $, la métropole doit parler d’une seule voix pour obtenir des investissements stratégiquement porteurs pour son développement.
Cet exercice de réflexion doit être élargi. La pandémie a transformé la vie des Montréalais et leur façon d’habiter leur ville. Le confinement et la distanciation physique ont fait comprendre l’importance vitale des espaces privés et publics.
Coincés à l’intérieur de logements devenus lieux de travail et de vie, les Montréalais ont comblé leur besoin d’espace et de socialisation en marchant leurs rues et en occupant leurs parcs alors que d’autres fuyaient vers la banlieue pour trouver leur bonheur.
Étudier et travailler à distance est un phénomène qui va perdurer.
Cela changera la vie urbaine, tant au centre-ville que dans les quartiers. Tant sur les espaces privés qui devront pouvoir s’adapter à la fonction travail, que sur les espaces publics qui devront pouvoir répondre aux besoins d’échanges et de socialisation.
Un regroupement de développeurs immobiliers a demandé cette semaine la création d’une table de concertation pour réunir les acteurs du développement du centre-ville. Oui… pour peu qu’elle réunisse tous les acteurs y compris les citoyens et que sa réflexion vise à définir une nouvelle vision du développement urbain.
La ville telle qu’on la connaît, en hauteur et en densité, a été faite par ces mêmes développeurs. Pensons à Griffintown ou encore au projet Royalmount.
Aujourd’hui, ils disent vouloir créer des milieux de vie offrant des logements sociaux et abordables, des parcs, des résidences pour personnes âgées et de nouvelles écoles. Toutes des choses auxquelles ils ont dit non par le passé.
Il faut se méfier, et surtout ne pas les laisser seuls autour de la table définir l’avenir de Montréal.
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