Le MONDE en questions
Ukraine: pourquoi la majorité du monde ne condamne pas vraiment la Russie?
Le président brésilien Jair Bolsonaro et le président russe Vladimir Poutine [source: photos officielles du Kremlin]
- Si on additionne les populations des pays qui soutiennent la Russie ou qui s’abstiennent de condamner son invasion de l’Ukraine, cela représente plus de la moitié de la population mondiale.
- Lorsqu’on parle de trouver une solution pacifique, tous les pays sont d’accord. Mais quand il est question de condamner, c’est plus compliqué, dit à InfoBref le professeur en science politique à l’UQAM Justin Massie. Il croit qu’en fait, la majorité des pays du monde sont prêts à accepter l’invasion russe.
Moins d’une semaine après l’invasion de l’Ukraine, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution demandant la fin de la guerre.
- 141 pays ont voté pour, 35 se sont abstenus, et 5 ont voté contre: Russie, Biélorussie, Corée du Nord, Syrie et Érythrée.
- Mais la formulation de cette résolution était plutôt vague, note le professeur.
«Le meilleur indicateur sur la position d’un pays, ce n’est pas ses déclarations, mais les sanctions qu’il impose pour punir l’agression de la Russie», dit Justin Massie.
Selon lui, la vraie question que les pays doivent se poser est: peut-on accepter qu’un pays conquière des territoires, et qu’une paix puisse naître d’une agression qui viole toutes les lois internationales?
- «C’est ce que veut obtenir la Russie, dit-il, même si rien ne le justifie.»
1. Les pays qui soutiennent la Russie
La Biélorussie est son plus grand allié.
Elle soutient l’invasion de son voisin et laisse circuler ses troupes sur son territoire.
L’an dernier, le président Alexandre Loukachenko a pu s’accrocher au pouvoir grâce à l’intervention des forces russes qui ont réprimé dans le sang les manifestations contre sa réélection contestée.
La Syrie a une dette envers Moscou.
Le régime syrien doit sa survie aux Russes, dit Justin Massie.
- Le président Bachar al-Assad est «très redevable à Poutine».
- Il y a des soldats syriens qui combattent en Ukraine.
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La Chine est son plus grand partenaire commercial.
20 jours avant l’invasion, Moscou et Pékin ont réaffirmé leur amitié «sans limite».
Pékin n’a ni condamné ni appuyé publiquement l’invasion russe, note Justin Massie. «La Chine souhaite que la paix soit rétablie, mais aux conditions de la Russie.»
- Elle ne fera pas pression sur Moscou pour qu’il cesse son agression.
- Elle n’enverra pas d’armes pour aider la Russie à gagner la guerre.
Mais la Chine ne voulait pas «d’une guerre qui s’enlise, et qui nuirait à son économie».
- Elle est l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Ukraine.
2. Les pays qui ne condamnent pas la Russie
L’Inde ne veut pas perdre un grand partenaire commercial.
Le pays est historiquement neutre et non aligné. «C’est un peu la Suisse d’Asie», dit Justin Massie.
- «L’Inde achète des armes à tous les pays. Elle veut diversifier ses liens commerciaux.
- Elle continue à commercer avec la Russie, mais elle respectera les sanctions américaines.»
Le Brésil ne veut pas s’attirer les foudres de Moscou.
Le président Jair Bolsonaro a dit qu’il voulait rester hors du conflit pour ne pas faire subir à son pays les contrecoups des sanctions économiques.
Bolsonaro a rendu visite à Poutine, à Moscou, une semaine avant l’invasion. Le président brésilien avait alors exprimé sa «solidarité» avec la Russie.
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Le Mexique veut maintenir de bonnes relations avec tous les pays.
Le président Andrés Manuel López Obrador a condamné la guerre, mais il estime que le Mexique n’a pas à décréter des sanctions.
En mars, son parti a lancé un Caucus d’amitié Mexique-Russie dans la Chambre des députés.
- L’ambassadeur de Russie avait alors été invité à s’adresser aux députés.
En Amérique du Sud, Cuba, le Venezuela et le Nicaragua se sont rangés du côté russe. Ils soutiennent l’invasion contre «l’occidentalisation de l’Ukraine», dit Justin Massie.
La plupart des pays africains et arabes n’ont pas condamné Moscou.
La Russie a créé des liens particuliers avec plusieurs pays africains et du Moyen-Orient, souligne Justin Massie.
Elle a, note-t-il, des troupes militaires dans certains pays, ce qui peut influencer leur décision.
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