Entrevue

Qui doit recevoir une 3e dose de vaccin anti-Covid?

Mis à jour le 27 janv. 2022
par Johanna Sabys
Qui doit recevoir une 3e dose de vaccin anti-Covid?

Le professeur André Veillette, immunologiste à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (Source: IRCM)

  • Une 3e dose de vaccin est «indiquée» pour les personnes immunosupprimées, et «une décision devra bientôt être prise» pour les résidents des CHSLD, surtout en cas d’éclosions, explique à InfoBref le professeur André Veillette, immunologiste à l’Institut de recherches cliniques de Montréal. 
  • Mais, selon lui, les vaccins sont «très efficaces», et il n’est «pas certain» aujourd’hui qu’une 3e dose sera nécessaire pour le reste de la population.  

Fin août, le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) a recommandé l’administration d’une 3e dose de vaccin pour les personnes immunosupprimées. 

  • Dans son avis, le CIQ souligne qu’il arrive «souvent» que ces personnes ne répondent pas aux 2 premières doses.
  • Mais le CIQ ne recommande pour l’instant cette 3e dose que pour 1 à 2% de la population – par exemple, pour les personnes qui ont reçu un don d’organe ou qui sont traitées par chimiothérapie pour combattre un cancer. 

Les résidents des CHSLD et des RPA seront les prochains, croit le professeur Veillette. 

  • «Ils sont souvent fragilisés, ils ont des problèmes de santé et mangent comme des oiseaux, souligne le professeur: ils en ont tellement arraché dans les CHSLD qu’on est capable de justifier leur 3e dose assez facilement.» 
  • Selon l’immunologiste, le CIQ y pense déjà parce que les résidents ont reçu leur 2e dose il y a bientôt 5 mois – or selon les fabricants, l’efficacité des vaccins baisserait à partir de 6 mois pour Pfizer, et 8 mois pour Moderna. 

Une 3e dose pour tous? Pas forcément, dit le professeur Veillette: 

  • il ne faut pas «donner des vaccins à des personnes qui n’en ont pas besoin»; 
  • la protection offerte par 2 doses de vaccin est déjà «très bonne»; et 
  • il faudra «se baser sur des évidences scientifiques» pour déterminer le «besoin réel» d’administrer une 3e dose pour protéger «contre des formes sévères de la maladie». 

Aujourd’hui, une équipe de chercheurs internationaux affirment également, dans la revue scientifique The Lancet, qu’une 3e dose n’est pour l’instant pas nécessaire pour tous. 

Après avoir étudié toutes les données d’essais et d’études publiées ces derniers mois dans les principales revues scientifiques, les chercheurs ont conclu: 

  • que 2 doses de vaccin offrent une efficacité de plus de 80% contre les infections causées par les principaux variants, et une efficacité de 95% contre les formes graves de la maladie; et 
  • même si les vaccins sont moins efficaces contre les formes asymptomatiques et bénignes, «les personnes non vaccinées restent le principal vecteur de transmission».
Johanna Sabys