Est-ce trop tôt pour une troisième dose de vaccin?
Publié le 22 août 2021
(Source: BioNTech)
- Les États-Unis ont autorisé l’administration, à partir du 20 septembre, d’une troisième dose de vaccin anti-Covid à tous les Américains qui le souhaitent.
- De nombreux experts jugent pourtant que l’injection d’une dose de rappel est encore prématurée, et que les données sur l’utilité de cette troisième dose sont encore incomplètes.
Une 3e dose de vaccin pourrait être nécessaire:
- Si les anticorps des premières personnes vaccinées ne réagissent plus aussi efficacement contre le coronavirus.
- Si les vaccins s’avéraient peu efficaces face à un nouveau variant.
Or:
- Les dernières données collectées aux États-Unis et en Israël laissent supposer que l’efficacité des vaccins commencerait à baisser chez les premiers vaccinés.
- Ces derniers jours, plusieurs études semblent montrer que l’efficacité des vaccins décline face au variant Delta.
- Une 4e vague s’est déclarée en Israël, où 78% des 12 ans et plus ont reçu 2 doses.
Washington a justifié sa décision d’administrer une 3e dose dès le mois prochain:
- Les données préliminaires de 7 États américains publiées par le New York Times suggèrent une hausse des infections chez les vaccinés en juillet.
- Les dernières données qui montrent une baisse d’efficacité des vaccins de Pfizer et de Moderna «pourraient» signaler un déclin de la protection contre les formes graves de la maladie.
Mais c’est un choix prématuré selon les experts:
- Le site d’information Stat juge que «pourraient» n’est «pas un mot très fort, spécialement pour appuyer une décision politique».
- Le fait que l’efficacité des vaccins puisse décliner, après plusieurs mois, pour prévenir les formes légères de la maladie, «n’est pas un signe que les vaccins échouent», affirme la spécialiste en vaccins Anne Durbin, de l’Université Johns Hopkins.
- Ces données appuient l’administration d’une dose de rappel aux personnes dont le système immunitaire est affaibli ou dans les résidences pour personnes âgées, mais pas au grand public, a affirmé au New York Times la spécialiste en maladies infectieuses Céline Gounder.
Est-ce moral?
Est-il légitime d’administrer une 3e dose alors que, dans plusieurs pays, la majeure partie de la population ne recevra pas de 1re dose avant l’an prochain?
- Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans les pays à faible revenu, seulement 1,5% de la population a reçu une 1re dose de vaccin.
- Début août, l’OMS demandait aux pays riches d’attendre au moins jusqu’à fin septembre avant de vacciner une 3e fois leur population.
Le choix d’une 3e dose doit être guidé par des preuves de bénéfices, et considérer le coût qu’aura le fait de retarder la distribution de vaccins aux personnes vulnérables des autres pays et à leurs travailleurs de la santé, affirme un éditorial de la revue Nature .
- «Or, jusqu’ici, continue l’éditorial, il y a peu de preuves que les doses de rappel soient nécessaires pour protéger les personnes pleinement vaccinées.»