Déni cosmique: pourquoi les scientifiques aiment le dernier succès Netflix
L’affiche du film Don’t look up – Déni cosmique, en français (Source: Netflix)
- En moins de 2 semaines, Don’t look up (Déni cosmique, en français) est monté sur la troisième marche du podium des films les plus populaires sur Netflix – ce qui est assez exceptionnel pour une fiction qui parle de science.
- Le film est une comédie grinçante sur la découverte d’une comète qui va percuter la Terre et anéantir l’humanité. Il «réussit parfaitement à traduire la frustration des experts du climat», affirme le journaliste David Vetter dans le magazine Forbes.
«La chose la plus effrayante de Don’t Look Up, c’est qu’aussi absurde qu’il soit, il exagère à peine», résume le journaliste Branko Marcetic dans le magazine américain Jacobin.
Dans Déni cosmique, la présidente des États-Unis (Meryl Streep) est inquiète de l’effet que la comète aura sur les prochaines élections.
Les médias ne prennent pas au sérieux les deux astronomes qui l’ont découverte (Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence).
Ils se retrouvent dans une situation similaire à celle des climatologues depuis 30 ans.
- C’est exactement l’objet du film, reconnaît sur Twitter son réalisateur Adam McKay.
Les scientifiques et les militants écologiques se reconnaissent en eux.
- «Don’t Look Up reflète la folie dont je suis témoin tous les jours», écrit le climatologue américain Peter Kalmus dans le quotidien britannique The Guardian.
- «J’ai aussi souffert de cette dissonance lors d’interventions dans les médias, avec la question de la manière d’aborder des enjeux graves liés au changement climatique, dans un monde médiatique qui cherche la distraction, les aspects simplistes, la dispute», a témoigné sur Twitter la climatologue française Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du Groupe 1 du Giec.
- «Don’t Look Up est une des plus importantes contributions à la vulgarisation de la science», commente l’astrophysicienne Rebecca Oppenheimer dans le magazine Scientific American.
Certains critiques sont moins enthousiastes.
Des critiques cinématographiques trouvent le film «trop évident» ou «lourd», et jugent qu’il «manque de nuances» ou «rate la cible».
Cette réserve en dit plus sur eux que sur le film, affirme le journaliste Nathan Robinson dans la revue américaine Current Affairs.
Dans le film, le grand facilitateur de ce déni est l’écosystème moderne de l’information:
- La séparation d’une vedette de la chanson et de son petit ami prend le dessus sur une comète qui va percuter la Terre.
- La page couverture du magazine Sports Illustrated titre «La fin du monde est proche. Y’aura-t-il un Superbowl?».
Le film pourrait-il changer les comportements face à l’urgence climatique?
Le succès du film et les discussions qu’il suscite démontrent que le public veut aller plus loin, croit le journaliste américain Brian Kahn [son article sur le blogue Gizmodo].
Déni cosmique pourrait faire comprendre à certains la difficulté de vulgariser une menace existentielle à long terme.
- Si c’est difficile avec une comète qui va détruire la Terre dans 6 mois, ça l’est encore plus pour une menace climatique étalée sur des décennies.