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Analyse POLITIQUE

Un Québécois à la tête du Parti conservateur, est-ce possible?

Mis à jour le 22 fév 2022
Bernard Descôteaux
par Bernard Descôteaux
Chroniqueur politique à InfoBref, ancien directeur du Devoir
Un Québécois à la tête du Parti conservateur, est-ce possible?

Jean Charest (source: cabinet McCarthy Tétrault)

  • Le Parti conservateur du Canada se cherche un nouveau chef. La course au leadership ouvre la voie à un repositionnement de ce parti. Ira-t-il plus à droite? Ou vers le centre?
  • A droite, on trouve déjà la candidature de Pierre Poilièvre. Pour l’affronter, certains voient en Jean Charest le candidat idéal.

La présence d’un Québécois à la tête du Parti conservateur a été l’exception plutôt que la règle.

Le premier à l’avoir été fut John Abbott, brièvement premier ministre en 1891.

Le second a été Brian Mulroney, presque 100 ans plus tard.

  • Il s’était fait élire chef en promettant d’amener les Québécois dans le giron conservateur.
  • Il a été premier ministre de 1984 à 1993.

Le troisième québécois a été Jean Charest. Il l’est devenu par défaut.

  • En effet, à l’élection de 1993, les conservateurs subissent une raclée historique, ne faisant élire que deux députés.
  • Or, Jean Charest est l’un d’eux.

Les circonstances l’ont finalement conduit, quelques années plus tard, à devenir premier ministre du Québec plutôt que du Canada.


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Mais Jean Charest semble toujours intéressé.

Son séjour sur la scène québécoise n’a jamais effacé son rêve d’être un jour premier ministre du Canada.

  • Il y a deux ans, il a songé sérieusement à être candidat à la direction du Parti conservateur.
  • Il y réfléchit à nouveau activement, même s’il sait la route pleine d’obstacles.

Le Parti conservateur d’aujourd’hui n’est pas celui qu’il dirigeait à l’époque. Depuis sa fusion avec l’Alliance canadienne (ex-Reform Party), l’épithète «progressiste» a été rayée – le mot, comme l’esprit qu’il représente.

L’équilibre entre les diverses tendances du parti qu’avait établi Stephen Harper pour arriver au pouvoir est disparu après son départ.

À la faveur des deux dernières courses au leadership les factions porteuses de valeurs morales se sont imposées.

La course au leadership qui s’engage donnera aux conservateurs l’occasion de réfléchir aux orientations à se donner. Après trois défaites électorales successives, des questions légitimes se posent.

Pour certains, comme Pierre Poilièvre, la réponse est claire: il faut s’afficher sans compromis comme un parti de droite. Plusieurs députés lui sont déjà acquis.

Pour d’autres, dont un groupe de députés québécois, il faut plutôt redonner leur place aux politiques progressistes.

Ceux-là voient Jean Charest comme celui capable de réaliser la synthèse entre clans opposés. Les appuis s’additionnent déjà en sa faveur, venant pour l’instant essentiellement du Québec.


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Le défi est néanmoins colossal, même pour la bête politique qu’est l’ancien premier ministre québécois. Il sait qu’il ne sera pas accueilli à bras ouverts.

Jean Charest a beau avoir une feuille de route impeccable comme fédéraliste, son origine québécoise demeure sujette à caution aux yeux de certains. Comme à l’époque Mulroney, certains craignent un retour du Québec au pouvoir à Ottawa.

Son handicap principal est surtout la faiblesse du membership conservateur au Québec.

Tout se jouera dans cette course autour du recrutement de nouveaux membres. Le calendrier et les règles de votation qui seront adoptés seront déterminants pour lui ouvrir… ou lui barrer la route.


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Puis, il y a les casseroles qu’il traîne, avec cette enquête de l’Upac sur le financement du Parti libéral qui n’est toujours pas close. L’image de corruption que lui colleront ses adversaires sera lourde à porter.

Le risque que Jean Charest court à être candidat est grand. Une défaite serait humiliante.

Il pourrait devoir conclure une autre fois que son rêve de devenir un jour premier ministre du Canada n’aura été pour lui qu’une chimère.

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Bernard Descôteaux