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La gestion indicielle menace-t-elle le libre marché?

Mis à jour le 10 août 2022
Fabien Major
par Fabien Major
Chroniqueur en finances personnelles à InfoBref
La gestion indicielle menace-t-elle le libre marché?

[crédit photo: Jehyun Sung | Unsplash]

  • Les géants mondiaux de la gestion indicielle sont-ils devenus trop puissants? La question se pose lorsqu’on constate que les trois plus importantes sociétés financières qui privilégient cette approche «passive» d’investissement contrôlent près du tiers du marché boursier.
  • En 2008, il y avait encore une douzaine d’institutions qui dictaient les mouvements des marchés boursiers. En 2022, ce ne sont plus qu’une douzaine d’individus qui ont théoriquement la balance du pouvoir financier entre leurs mains. 

La théorie de l’évolution de Darwin stipule que les espèces survivantes ne sont pas les plus fortes, mais plutôt celles qui s’adaptent le mieux aux changements.

En principe, c’est également le cas dans le monde des affaires.

  • Pensons aux magasins de location de cassettes vidéo qui ont disparu, alors que Netflix, qui au départ louait des DVD, s’est réinventée avec la diffusion en continu.

Lorsqu’on suit une approche de gestion passive, les entreprises ne sont pas jugées en fonction de leurs flux financiers, de leur potentiel de croissance ni des avancées technologiques qu’elles procurent.

Elles sont jugées uniquement sur leur valeur boursière totale.

  • En effet, la gestion passive consiste à ne pas sélectionner des titres individuels – ce que fait au contraire la gestion active – mais plutôt à suivre un indice boursier.
  • Or, ces indices sont presque toujours composés en fonction de la capitalisation boursière des entreprises.

Ainsi, une compagnie astucieuse et suffisamment racoleuse auprès des spéculateurs peut se voir récompensée pour ses initiatives en relations publiques, et entrer dans le club sélect de l’indice S&P 500.

  • Qu’elle fasse des profits ou pas, ça n’a pas d’importance.
  • Elon Musk, PDG de Tesla (Nasdaq: TSLA), peut en témoigner.

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La quantité avant la qualité

Il n’y a pas si longtemps, le réflexe naturel d’un nouvel investisseur était de se chercher un conseiller gestionnaire qui pouvait assembler un portefeuille correspondant à son profil de tolérance au risque, en sélectionnant méticuleusement des actions ou des fonds d’entreprises prometteuses ou déjà très profitables. 

Aujourd’hui, son réflexe est plutôt d’acheter quelques indices et de sautiller d’un à l’autre au gré des manchettes. Tout ça pour des frais microscopiques et sans trop d’effort.

  • On ne cherche plus les titres gagnants.
  • On prend tout, comme lorsqu’on visite le Buffet des continents après un jeûne de 24 h.

Il y a maintenant 11 000 milliards $US d’actifs gérés passivement, contre 2000 milliards $US il y a 10 ans.

Aux États-Unis, 9 entreprises sur 10 du S&P 500 ont comme actionnaire principal un des fonds indiciels de Vanguard, State Street ou BlackRock.

On estime que ces 3 joueurs contrôlent probablement plus de 30% du marché boursier.

Il y a quelques années, John Coates, professeur de droit à l’Université d’Harvard, estimait que très bientôt seulement 12 personnes auront un «pouvoir technique sur la majorité des compagnies publiques américaines».


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Les impacts négatifs de la gestion passive

Oui, les investisseurs ont sauvé beaucoup d’argent en frais et ont obtenu de bons rendements.

Mais l’impact négatif pour les marchés et l’entrepreneuriat se fera sentir et il y aura des conséquences coûteuses.

Ce que les gens ont pu économiser en frais de gestion, ils pourraient devoir le payer en étant facturés en trop en raison de la concentration de la propriété des grandes entreprises.

  • La gestion passive n’encourage pas la concurrence: elle aide les sociétés qui sont déjà les plus grandes à dominer encore davantage leur marché.
  • Cela a déjà été observé dans l’industrie aérienne, bancaire et pharmaceutique.

Au début de la pandémie, l’analyste Ben Jonhson de Morningstar indiquait à Bloomberg : «une petite poignée d’acteurs qui ont une participation et une influence sans cesse croissantes affecte la trajectoire des plus grandes entreprises publiques du monde. La question est de savoir si leur influence sera exercée pour le meilleur ou pour le pire.»

Comme Frankenstein dans le roman de Mary Shelley, peu de temps avant son décès, Jack Bogle, le père fondateur de Vanguard, craignait que son innovation n’engendre un monstre incontrôlable.

  • «Ce n’est probablement qu’une question de temps avant que les fonds indiciels détiennent la moitié de toutes les actions américaines», disait-il.
  • «Je ne crois pas que cette concentration serve l’intérêt national.»

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Fabien Major