Conseils pour vos FINANCES

La Caisse de dépôt: performante ou pas?

Publié le 1er mars 2024
Fabien Major
par Fabien Major
Professionnel de la finance, auteur et chroniqueur
La Caisse de dépôt: performante ou pas?

[crédit photo: Engin Akyurt | Pixabay]

  • Nombreux ont été les chroniqueurs et journalistes à soulever que les rendements de la Caisse de dépôt et placement du Québec ont été décevants en 2023. Est-ce vraiment le cas?
  • On ne peut absolument pas comparer les performances de CDPQ avec les grands indices ou avec le fonds souverain de la Norvège. Et ce pour plusieurs raisons.

Voici les rendements obtenus en 2022 et 2023 par la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et plusieurs entités souvent mentionnées comme comparables:

ENTITÉS20222023
CDPQ-5,6%+7,2%
GPFG de Norvège-14,1%+16,1%
S&P 500-19,1%+23,2%
Nasdaq-33,1%+41,2%

Ce qui saute aux yeux? Il n’y a pas eu de progression significative en 2023 – seulement du rattrapage des pertes de 2022.


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Se comparer à la Norvège n’est pas très éclairant

Le Fonds souverain de la Norvège (GPFG) et la Caisse de dépôt présentent des différences notables qui rendent toute comparaison directe inappropriée.

Avec plus de 2000 milliards $ sous gestion, le GPFG est le plus grand fonds souverain au monde.

  • Il est alimenté principalement par les revenus de l’industrie pétrolière et gazière.

Sa mission est de gérer ces richesses pour les générations futures, en misant sur l’investissement durable et éthique.

Le fonds exclut certaines industries comme les armes controversées et le tabac, ainsi que les entreprises qui ne respectent pas ses critères en matière de droits de l’homme.

La différence notable avec la CDPQ est que le GPFG n’a pas de retraites à financer par des rentes systématiques. Il n’a donc pas de passif.

La CDPQ, elle, gère les fonds de plusieurs régimes de retraite et d’assurances publics et parapublics au Québec.

Sa mission est double:

  • offrir un rendement optimal à ses déposants,
  • tout en contribuant au développement économique du Québec.

Cela implique que la CDPQ doit être engagée dans le développement économique local, en investissant dans des entreprises d’ici pour stimuler la croissance régionale.

En raison de ces distinctions fondamentales – source de financement, objectifs, et stratégies d’investissement – comparer directement le GPFG et la CDPQ serait inapproprié.


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Alors, avec quoi la Caisse peut-elle se comparer?

Certainement pas avec les grands indices boursiers.

En raison des versements réguliers fournis aux retraités, la Caisse ne peut pas se permettre d’être investie 100% en actions.

Elle doit se comparer avec un portefeuille de référence composé dans des proportions similaires d’actions domestiques, d’actions internationales, d’obligations, d’immobilier, d’infrastructures et de placements privés.

On ne peut donc comparer la performance de la Caisse avec celle d’aucun indice pur, ni aucun fonds commun, ni FNB de détail destiné à un investisseur particulier.

J’aime analyser les résultats obtenus pendant des catastrophes: ils sont révélateurs des capacités des équipes à «protéger» la valeur des déposants.

En 2022, la pire correction simultanée des marchés boursiers et obligataires en 50 ans a certes affecté le portefeuille de la CDPQ, mais bien moins que ses pairs.

Rappelons qu’en janvier 2023, la CDPQ avait été nommée Fonds de l’année 2022 par Global SWF, une référence mondiale qui étudie les activités d’environ 400 fonds souverains et fonds de pension publics.

Enfin, pour analyser la performance d’organismes qui ont des missions de pérennité, il faut être prudent concernent les périodes sur lesquelles on analyse les rendements.

  • Une ou deux années, c’est définitivement trop court.
  • Une décennie présente une tendance de fond, mais quelques décennies c’est mieux.

Après tout, la période de décaissement des retraités excède souvent 30 ans.

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Fabien Major