Résumé par InfoBref

Ce qui reste du 11 septembre 2001 dans les affaires aujourd’hui

Mis à jour le 14 mai 2022
par Patrick Pierra
Ce qui reste du 11 septembre 2001 dans les affaires aujourd’hui
  • Alors qu’on semble sortir lentement de la pandémie de Covid-19, ces dernières semaines ont marqué le 20e anniversaire d’une autre crise majeure: celle des attentats du 11 septembre 2001.
  • Ces attentats n’ont pas laissé que les images saisissantes des tours jumelles du World Trade Center en train de s’effondrer. En plus des conséquences géopolitiques qu’il a entraînées – dont les guerres en Irak et en Afghanistan, le 11 septembre a laissé des traces durables dans l’économie et les pratiques d’affaires.

Résumé d’une conversation le 28 septembre 2021 lors d’un midi-conférence de l’Association des MBA du Québec avec Martin Massé, MBA, v.-p. affaires publiques et v.-p développement durable d’ADM Aéroport de Montréal, et François Normand, candidat MBA, journaliste économique et financier du journal Les Affaires.

L’héritage du 11 septembre: des conséquences qui perdurent

Sécurité accrue dans des transports aériens

Des mesures de sécurité draconiennes se sont ajoutées dans les aéroports et dans les avions, notamment:

  • la fouille plus complète, qui exige que les voyageurs arrivent à l’aéroport avec beaucoup d’avance sur l’horaire de leur vol; et
  • la porte du cockpit renforcée pour protéger le poste de pilotage.

À cause du temps d’attente, l’espace commercial des aéroports s’est déplacé de la zone «ville», ouverte aux familles qui accompagnaient les voyageurs sur leur départ, à la zone contrôlée, après le point de fouille: cette zone est devenue un centre commercial et un pôle de divertissement.

La protection de données stratégiques a été renforcée

Si la banque d’affaires Morgan Stanley, qui était le plus important locataire du World Trade Center, a pu reprendre ses activités rapidement, c’est parce qu’elle avait conservé une copie de ses données stratégiques hors de l’île de Manhattan.

Après le 11 septembre, la majorité des grandes organisations ont réalisé qu’elles devaient mieux protéger leurs données stratégiques, et se donner les moyens de recommencer à fonctionner même si leur siège social était hors service.

Prise de conscience de l’importance des risques géopolitiques

Avant le 11 septembre, les organisations se préoccupaient surtout de risques économiques, et un peu de risques politiques sur les lois et règlements qui pourraient les affecter. Seule une minorité étudiait les risques géopolitiques.

Cela a changé depuis. Beaucoup d’organisations, à commencer par les investisseurs institutionnels comme la Caisse de dépôt , ont pris conscience qu’elles devaient suivre les tendances politiques globales et leur impact possible sur les marchés où ces organisations sont présentes ou vendent leurs produits.

Amélioration de l’efficacité logistique

Alors que les voyages de passagers en avion sont devenus plus longs à cause des contrôles de sécurité, le transport transfrontalier des marchandises, lui, s’est accéléré.

Les entreprises, les transporteurs et les administrations se sont adaptés aux nouvelles exigences de sécurité. Le prédédouanement a permis de désengorger certains contrôles aux frontières à l’arrivée.

Résultat: à la frontière terrestre entre le Canada et les États-Unis, le camion d’une entreprise exportatrice passe la frontière plus rapidement aujourd’hui qu’avant le 11 septembre.


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Des conséquences attendues qui ne se sont pas réalisées

Moins de voyages? Au contraire

Après le choc du 11 septembre, beaucoup prévoyaient un avenir sombre aux secteurs de l’aviation et du tourisme de longue distance.

Pourtant, dès que les gens ont repris confiance dans la sécurité des transports aériens, ils se sont remis à voyager, comme avant – et même davantage.

Passer de «juste à temps» à «juste au cas où»? Pas vraiment

Dans les mois suivants le 11 septembre, des dirigeants d’organisation juraient qu’ils ne se feraient plus prendre par surprise.

  • Ils voulaient revoir leur chaine d’approvisionnement pour la sécuriser, et prévoyaient d’augmenter leurs stocks pour se prémunir contre des défaillances dans cette chaine.
  • L’idée était de passer du mode «juste à temps» à un mode «juste au cas où».

Ce changement a été de courte durée.

  • La pression concurrentielle a de nouveau poussé les organisations vers une logique d’optimisation dans un mode «juste à temps» – on a pu le constater lorsque la pandémie de Covid-19 a frappé.

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Mise en perspective: la pandémie de Covid-19 par rapport au 11 septembre

Un choc plus violent pour l’industrie du transport aérien et celle du tourisme

L’impact de la pandémie sur les activités des transporteurs aériens est beaucoup plus profond. Même si les vols n’ont pas été complètement interrompus ou ont repris assez rapidement, le volume de voyageurs est resté nettement plus bas depuis maintenant un an et demi.

Le Canada n’a pas aidé ces transporteurs autant que d’autres pays l’ont fait.

Après la grande récession de 2008, qui avait elle aussi durement affecté le secteur, la pandémie est un autre choc pour cette industrie, dont tous les joueurs ne se remettront sans doute pas.

Des perspectives de reprise moins claires pour les voyages d’affaires

Il n’y a guère d’inquiétude pour les voyages d’agrément.

  • Les voyageurs devront sans doute s’habituer à de nouvelles exigences sanitaires, comme ils se sont habitués aux nouvelles exigences de sécurité qui ont suivi le 11 septembre.
  • Mais quand la vaccination sera généralisée et que la situation sanitaire des transports inspirera à nouveau confiance, les gens recommenceront à voyager, pour le plaisir et pour voir leur famille éloignée. 

L’avenir des voyages d’affaires est moins clair.

  • Même si beaucoup de prospection et de relation clientèle se fait par visioconférence depuis le début de la pandémie, on peut présumer que l’impératif de rencontrer face à face certains prospects et clients importants l’emportera, à terme, sur les réticences à reprendre l’avion.
  • En revanche, à l’intérieur des grandes organisations, il est très possible que, sur le long terme, elles choisissent de réduire de façon importante les voyages de leurs employés entre leur siège social et leurs établissements géographiquement dispersés.
Patrick Pierra