Stratégie de vaccination: les arguments qui justifient de vacciner rapidement le plus de gens possible, même avec une seule dose
Le professeur de l’École de santé publique de l’Université de Montréal Benoit Mâsse (Photo: Amélie Philibert)
- Selon les données publiées par Pfizer et Moderna, leur vaccin contre la Covid-19 a déjà une efficacité substantielle à partir de 10 jours après l’injection de la première dose.
- Le professeur en santé publique Benoît Mâsse explique à InfoBref pourquoi la stratégie de Québec – d’utiliser toutes les doses reçues pour une première vaccination – est raisonnable pour faire face à la très forte transmission communautaire et à l’urgence de santé publique.
Ce que disent les résultats de Pfizer:
- À compter de 10 jours après l’injection de la première dose, il n’y a presque plus de cas de Covid-19 détectés chez les personnes vaccinées.
Selon Benoît Mâsse, on ne sait pas encore s’il est vraiment nécessaire d’administrer la seconde dose exactement trois à quatre semaines après la première: «peut-être que 12 semaines [d’intervalle] seraient tout aussi efficaces».
Il voit un avantage à très court terme à vacciner rapidement le plus de personnes possible.
- En ce moment, il y a beaucoup de transmission communautaire et les personnes de 80 ans et plus sont très à risque.
- En les vaccinant plus rapidement, on peut faire baisser le nombre de décès et le nombre d’hospitalisations.
En retardant la seconde dose, on prend cependant des risques sur la durée et sur l’efficacité de la protection.
- Si la seconde dose n’est pas administrée 21 à 28 jours après la première, comme le demandent les laboratoires, il est possible que l’immunité diminue dans le temps.
- Mais à quelle vitesse? Il serait très surprenant que l’immunité disparaisse rapidement après 28 jours.
Benoît Mâsse croit que le gouvernement pourra toujours modifier sa stratégie si, dans quelques semaines ou mois, on prouve que la seconde dose doit être injectée dans un délai précis pour maintenir un niveau d’efficacité acceptable.
Pour le professeur, dans l’immédiat, le choix est clair: «si aujourd’hui vous me donnez deux doses de vaccin, je vaccine mes deux parents de 80 ans et plus avec une seule dose, et non un seul avec les deux doses.»
Le professeur de l’École de santé publique de l’Université de Montréal Benoit Mâsse (Photo: Amélie Philibert)