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Les actions sont à la fois dispendieuses et à prix d’aubaine

Mis à jour le 6 mai 2021
Fabien Major
par Fabien Major
Professionnel de la finance, auteur et chroniqueur
Les actions sont à la fois dispendieuses et à prix d’aubaine

(Source: Unsplash)

  • Même si les indices boursiers fracassent des records, les actions sont probablement moins chères qu’on le pense.
  • Les bas taux d’intérêt et la numérisation de l’économie favorisent la prise de risque.

L’économie mondiale entre en terrain inconnu.

Au moment où j’écris ces lignes, l’indice phare de la bourse de New York, le S&P500, valorise les sociétés qui y sont incluses à 37 fois leurs bénéfices.

  • Si l’on tient compte de l’inflation, le ratio CAPE (ratio de cours/bénéfice ajusté en fonction du cycle, ou ratio de Shiller) est actuellement de 33. Il atteint presque le niveau d’octobre 1929, à la veille de la grande dépression.

Beaucoup d’investisseurs restent sceptiques. Ils ne comprennent pas pourquoi les marchés boursiers mondiaux ne se sont pas effondrés de manière prolongée face aux effets de la pandémie de Covid-19.

Qu’est-ce qui soutient les indices?

Robert J. Shiller, prix Nobel d’économie et créateur du ratio CAPE, croit que la situation justifie l’approche de son livre Narrative Economics: How Stories Go Viral and Drive Major Economic Events.

Il explique que trois récits ou thèmes économiques répandus soutiennent les évaluations élevées et attirent les investisseurs vers des actions déjà onéreuses:

  • La FOMO (fear of missing opportunities): La peur de passer à côté d’une occasion est très puissante. Elle dirige des capitaux vers des secteurs ayant déjà offert de gros rendements.
  • La vitesse initiale de la reprise: Lors de l’effondrement des marchés en mars, les stratèges et les économistes pensaient que la récupération se ferait progressivement, en forme de U. Les actionnaires on crut qu’elle serait plus rapide et prendrait plutôt la forme d’un V. Les actionnaires ont eu raison jusqu’à présent.  
  • La conjonction du travail ET du divertissement à domicile: Le confinement et les mesures de distanciation physique ont fait bondir la demande (déjà forte) pour l’économie numérique. Des secteurs comme les technologies de l’information, les télécommunications, le commerce en ligne, la diffusion en continu (streaming), la vidéoconférence et les réseaux sociaux ont soudainement rallié massivement des clients plus âgés et de tous les milieux.

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J’ai discuté pour un balado avec Fred Demers, stratège et directeur général des solutions multiactif chez BMO gestion mondiale d’actifs.

Les évaluations que soutiennent actuellement les indices ne l’effraient pas, lui non plus.

«Il faut regarder les tendances à long terme, m’a-t-il dit. Après inflation, le choix est facile à faire. Les actions sont beaucoup moins chères que les obligations.»

Comparativement aux crises économiques du passé, celle de 2020 a été déclenchée volontairement par les gouvernements pour limiter une crise sanitaire.

  • Il n’y a pas eu de rupture dans le marché des capitaux. Sur les lignes de côté, des milliers de milliards de dollars attendent une correction (baisse subite) ou une embellie économique pour acheter des actions.
  • Avec un taux d’épargne de 33%, de nombreux Américains ont des réserves financières qui excèdent leurs obligations financières pendant 3 à 6 mois.

Comme les taux d’intérêt sont à des planchers historiques, les ratios qui indiquent habituellement des risques excessifs doivent être ajustés et mis en contexte.

  • Selon la théorie financière traditionnelle, lorsque les taux d’intérêt baissent, le prix des actions devrait augmenter.
  • Mais comme les banques centrales maintiennent les taux d’intérêt artificiellement bas, la théorie ne fonctionne pas.
  • Cela peut justifier des prix d’action et des ratios CAPE plus élevés.

On ignore quand la pandémie de Covid-19 se terminera. Mais on sait que les taux d’intérêt devront demeurer faibles pour favoriser la reprise à l’échelle mondiale.

Ainsi, les valorisations boursières actuelles peuvent ne pas être aussi absurdes que certains le pensent.

Que doivent faire les investisseurs dans un tel environnement? Plus que jamais:

  • favoriser la sélection minutieuse de titres (stock picking);
  • diversifier leurs placements par zone géographique, par secteur et par style; et
  • diminuer leurs attentes de rendement.

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Fabien Major