Conseils pour vos FINANCES

L’endettement record des ménages n’est pas aussi inquiétant qu’il le parait

Mis à jour le 10 août 2022
Fabien Major
par Fabien Major
Professionnel de la finance, auteur et chroniqueur
L’endettement record des ménages n’est pas aussi inquiétant qu’il le parait

[crédit photo: 1820796 | Pixabay]

  • Le niveau moyen des dettes totales des ménages par rapport à leurs revenus disponibles atteint maintenant 184,7%. Cela fait paraitre les Canadiens comme surendettés.
  • Mais ce chiffre ne montre qu’un côté de la médaille. On ne peut pas analyser l’endettement des ménages sans regarder, en même temps, les valeurs qu’ils détiennent.  

Le chiffre de 184,7% correspond à la somme de toutes les dettes d’un foyer en proportion de ses revenus annuels disponibles.

Je ne doute pas que le chiffre est exact. Mais l’impression qu’il communique est exagérément négative.

Un exemple illustre les nuances qu’il faut apporter.

La famille Dubois a 160 000 $ d’hypothèque, 20 000 $ en prêt auto et 4700 $ de dettes de carte de crédit, soit un total de dettes de 184 700 $, et un revenu disponible de 100 000 $.

Selon le calcul national, son taux d’endettement est donc 184,7%: elle doit 1,87 $ pour chaque dollar de revenu gagné disponible.

Est-ce élevé? Pas nécessairement.  

Il ne faut pas confondre l’endettement présenté dans ces statistiques avec le ratio d’endettement dont se servent les banques et autres institutions prêteuses.

Ce ratio s’obtient en additionnant tous les paiements mensuels consacrés au remboursement des dettes, divisé par les revenus mensuels bruts.

Sachez que la famille Dubois a des obligations mensuelles (son «service de la dette») de 1923 $ par mois, mais des entrées d’argent de 8333 $ brut.

Le ratio d’endettement des Dubois n’est donc que de 1923/8333 = 23% – ce qui est excellent, car il est inférieur à 30% et bien en deçà du seuil critique de 40%.

Quel est le ratio d’endettement des ménages au niveau national? Il n’est que de 13,84%.

  • C’est moins spectaculaire que 184,7%, n’est-ce pas?

Mais n’est restons pas là.


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Les Dubois sont riches.

Toutes les dettes ne sont pas égales.

  • Certaines dettes, de consommation, sont pour des biens et services qui se déprécieront avec certitude: voyages, voitures de sport, restos, vêtements, jeux vidéo, articles de décoration, etc.
  • D’autres dettes, au contraire, servent à capitaliser sur des actifs qui prennent de la valeur avec le temps, ou qui servent à gagner des revenus, comme des outils, équipements et véhicules.

Or, bien des ménages ont vu leurs actifs nets prendre énormément de valeur depuis quelques années.

  • Les biens immobiliers et les titres boursiers sont eux qui ont enrichi le plus les Canadiens. 

À première vue, on aurait pu croire que la famille Dubois était dans la classe moyenne inférieure.

Mais c’était sans compter ses actifs (maison, véhicules, chalet, REER, CELI, REEE, et des parts dans une PME) qui totalisent 1,4 million $.

Vu sous cet angle, on comprend qu’un taux d’endettement de 184,7% n’est absolument pas problématique pour eux.


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Quelques précautions à prendre

  • Avec un prix moyen des maisons vendues qui excède maintenant 800 000 $ au Canada [détails], les familles doivent résister à la tentation de refinancer exagérément leur résidence.
  • L’inflation et les hausses de taux d’intérêt affecteront négativement le budget des familles.
  • Débarrassez-vous dès que possible des soldes de cartes de crédit et de grands magasins. Avec des taux qui avoisinent les 20%, ils fragilisent votre ratio de service de la dette et votre cote de crédit.
  • Nous ne sommes pas à l’abri d’une récession: le contexte géopolitique mondial pourrait causer du chômage et des perturbations supplémentaires sur les chaines d’approvisionnement.

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