Bataille au sommet chez Rogers: le président du conseil est destitué; il veut maintenant remplacer une partie du conseil
Edward Rogers, ex-président du conseil, Joe Natale, PDG, et Loretta Rogers, administratrice de Rogers Communications inc. (RCI) [images tirées du site de Rogers]
- Edward S. Rogers était jusqu’à hier président du conseil d’administration du géant canadien des communications Rogers Communications. Il a été destitué de son poste par un vote du conseil d’administration, sur lequel siègent aussi sa mère et ses deux sœurs.
- Quelques heures plus tard, il annonçait qu’il allait remplacer 5 membres du conseil qui sont indépendants (c’est à-dire non membres de la famille), avec l’objectif de reprendre la présidence du conseil d’administration.
Edward Rogers est le fils du fondateur de Rogers Communications inc. (TSX: RCI), Ted Rogers, décédé en 2008.
- En tant que président du conseil d’administration de RCI, il avait le plus haut poste dans l’entreprise.
- Il préside aussi le Rogers Control Trust, une fiducie de la famille Rogers qui détient 97,5% de ces actions des actions de RCI avec droit de vote de catégorie A détenues. (La plupart des investisseurs de RCI possèdent des actions de catégorie B, sans droit de vote.)
Or, Edward Rogers a récemment tenté de remplacer une bonne partie de la haute direction de l’entreprise, selon le Globe and Mail.
- Edward Rogers voulait surtout remplacer l’actuel PDG, Joe Natale, par celui qui était chef des finances, Tony Staffieri.
- Pour expliquer sa volonté, Edward a déclaré dans un communiqué cette semaine qu’il y avait «place à l’amélioration» dans le rendement à long terme de l’entreprise.
Mais la mère d’Edward, Loretta Rogers, et ses deux sœurs, Melinda Rogers-Hixon, vice-présidente du conseil d’administration, et Martha Rogers, se sont opposées à ces remplacements à la direction.
Elles ont entrainé la majorité des administrateurs à s’opposer à leur président du conseil pour conserver le PDG en poste. (Le PDG d’une société se rapporte à son conseil d’administration.)
Tony Staffieri a quitté soudainement l’entreprise le 29 septembre, sans qu’on sache pourquoi.
- On a compris ensuite qu’il avait dû partir après l’échec du «putsch», orchestré par Edward Rogers, qui devait faire de lui le nouveau PDG.
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La confiance est loin de régner à la tête de l’entreprise.
Hier, Rogers a d’abord annoncé la formation d’un comité du conseil d’administration chargé d’établir des «protocoles clairs» pour encadrer les interactions entre le président du conseil et la direction de l’entreprise.
- Cette mesure était hautement inhabituelle: elle visait manifestement à restreindre la possibilité que le président du conseil, Edward Rogers, interfère dans la gestion de l’entreprise et gêne le PDG, Joe Natale, qu’il voulait évincer.
- Parmi les administrateurs chargés de surveiller Edward, il y avait… sa sœur Melinda.
Quelques heures plus tard, le conflit prenait une toute autre ampleur:
- Une réunion spéciale du conseil d’administration a carrément voté la destitution d’Edward Rogers de son poste de président du conseil.
- Il est remplacé dans ce poste par un vétéran du monde des télécommunications, John MacDonald, qui était déjà administrateur indépendant de RCI et a été, par le passé, chef de l’exploitation de Bell Canada.
Mais la journée n’était pas terminée.
En fin de soirée, Edward Rogers a répliqué en lançant une autre bombe.
En tant que président de la fiducie qui contrôle les actions votantes de RCI, il annonce qu’il va remplacer 5 administrateurs indépendants, dont John MacDonald qui vient de le remplacer comme président du conseil de RCI.
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Cette bisbille entre administrateurs survient au milieu d’un projet d’acquisition majeur.
Plus tôt cette année, Rogers a annoncé son intention d’acquérir pour 26 milliards $ Shaw Communications (TSX: SJR), de Calgary.
Cette transaction, sujette à des approbations réglementaires, pourrait lui faire gagner près de 2 millions d’abonnés à des forfaits sans-fil.
Mais les actionnaires de Rogers ne semblent pas pleinement enthousiastes face à cette acquisition.
- Depuis le début de l’année, l’action de Rogers a sous-performé par rapport à celles de ses concurrents.
- Son prix a augmenté de 3%, soit beaucoup moins que Telus (+14%) et BCE (+16%).