Entrevue

Pénurie de logements: «le plan de Québec ne réglera rien», dit un organisme de locataires

Mis à jour le 20 mai 2022
par Johanna Sabys
Pénurie de logements: «le plan de Québec ne réglera rien», dit un organisme de locataires

(source: Scott Webb / Unsplash)

  • La ministre des Affaires municipales et de l’Habitation Andrée Laforest a présenté jeudi un plan de 77 millions $ pour aider les Québécois qui déménagent cet été. La quasi-totalité du budget ira au Programme de supplément au loyer (PSL).
  • Ce budget est insuffisant et, cette année encore, il ne sera même pas utilisé, croit Cédric Dussault, porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ). 

Ce que doit permettre le nouveau plan d’action, selon le gouvernement: 

  • soutenir 2200 ménages supplémentaires grâce au programme Supplément au loyer– qui permet à des ménages d’occuper un logement du marché privé en ne payant que la part du loyer qui équivaut à 25% de leurs revenus; et 
  • bonifier de 80 $ à 100 $ par mois le programme Allocation-logement destiné aux locataires. 

Ce plan ne règle pas la pénurie actuelle de logements, croit le RCLALQ. 

«L’an dernier, seulement 15% de la somme consacrée au PSL a été utilisée, dit Cédric Dussault, porte-parole du RCLALQ. Cette année, la situation pourrait être encore pire, car les taux d’inoccupation ont encore empiré.»

Le taux d’inoccupation est très bas dans certaines villes.

Il atteint 0,2% à Rimouski, et frôle le 0% dans presque toute la Gaspésie, note Cédric Dussault.  

À Montréal, il est d’environ 3%, mais, précise-t-il, les logements inoccupés sont très chers, et ils ne sont donc pas admissibles pour un PLS. 

Le prix des loyers a explosé.  

Lorsqu’on additionne les hausses de loyers recommandées aux propriétaires par le tribunal administratif du logement depuis 10 ans, on arrive à environ 7%, calcule Cédric Dussault. 

Or, au cours de la même période, les loyers ont selon lui grimpé de 52% à Verdun, sur l’île de Montréal, et de 64% à Blainville, sur la Rive-Nord de Montréal.  

Les budgets devraient être investis dans des solutions pérennes, dit Cédric Dussault: 

  • «pour construire des logements sociaux, au lieu d’aller dans les poches des propriétaires qui n’ont aucun intérêt à baisser les prix des loyers; et 
  • pour aider les gens qui vont se retrouver à la rue au 1er juillet». 

2 millions $ pour des services d’aide au logement dans les municipalités

Le plan d’Andrée Laforest prévoit que les municipalités pourront désormais mettre en place un service d’aide à la recherche de logement (Sarl) pour aider les locataires. 

  • «Un budget de 2 millions $ pour l’ensemble des municipalités, c’est ridicule, croit Cédric Dussault; et 
  • ces services de recherche n’auront pas beaucoup d’effets: quand il n’y a pas de logement, il n’y a pas de logement.»

Il pense que gouvernement évite d’affronter lui-même la crise du logement en déplaçant le problème dans la cour des municipalités.

Johanna Sabys