Explication

Comment la guerre en Ukraine pourrait-elle se terminer?

Publié le 11 janv. 2023
par Johanna Sabys
Comment la guerre en Ukraine pourrait-elle se terminer?

Un soldat ukrainien (Source: Facebook du président ukrainien)

  • L’Ukraine a besoin de missiles de longue portée et de tanks pour libérer les territoires occupés par la Russie et mettre fin à la guerre cette année. C’est ce qu’a affirmé hier à l’agence AFP un conseiller du président ukrainien. Sans ces équipements, le conflit pourrait, selon lui, durer «des décennies».
  • Le professeur Yann Breault explique à InfoBref qu’il n’y aura aucune porte de sortie tant que les 2 pays peuvent encore faire plier leur adversaire. Victoire militaire, match nul ou effondrement de l’un des 2 régimes: voici comment la guerre en Ukraine pourrait se terminer.

Yann Breault, professeur au Collège militaire royal de Saint-Jean et codirecteur de l’Observatoire de l’Eurasie à l’UQAM, envisage 3 scénarios.

1) Victoire militaire 

L’Ukraine pourrait gagner la guerre dès la fin du printemps ou probablement avant l’automne, soutient un conseiller de Volodymyr Zelensky. 

  • Selon ce conseiller, si les Occidentaux livrent des équipements militaires plus puissants, des missiles d’une portée de plus de 100 km et 350 chars lourds, l’armée ukrainienne pourrait plus rapidement libérer les territoires occupés par les Russes. 

L’escalade militaire continue, souligne Yann Breault.

L’Ukraine et la Russie n’ont pas renoncé à accroître leurs investissements militaires au profit d’une solution plus acceptable, note-t-il. 

  • Les pourparlers sont au point mort depuis des mois. 

Comment l’un des 2 camps pourrait-il l’emporter? 

L’Ukraine pourrait poursuivre sa contre-offensive dans le sud du pays et couper le pont terrestre entre la Crimée et la Russie, croit Yann Breault. 

  • Si, dit-il, l’armée ukrainienne décide de faire une poussée, comme en août et en septembre dernier, les Russes ne sont pas prêts à lutter contre une telle attaque.

La Russie pourrait forcer l’armée ukrainienne à diviser ses forces. 

  • Les forces russes pourraient attaquer depuis la Biélorussie [détails (18 déc.)]. 
  • Une telle attaque pourrait amener les troupes ukrainiennes à se déplacer vers le nord, ce qui les priverait des moyens nécessaires pour leur contre-offensive au sud.

2) Match nul et retour aux frontières de 2014 

Dans ce scénario, la Russie obtiendrait la reconnaissance de son annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014. De son côté, «l’Ukraine aurait gagné le droit d’exister en tant que pays souverain et aligné sur l’Europe», dit Yann Breault. 

Tout repose sur l’avenir de la Crimée, croit le professeur. 

  • L’Ukraine veut récupérer toutes les régions annexées, y compris la Crimée. 
  • La Russie ne veut renoncer ni à la Crimée ni aux 4 autres régions ukrainiennes que son armée contrôle désormais partiellement.

Après plus de 10 mois de conflit, «il y a une charge émotive qui rendrait toute concession extrêmement difficile à faire accepter aux populations».

  • «Les belligérants ne sont pas encore assez épuisés de cette bataille-là pour envisager un compromis.»

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3) Effondrement d’un des deux régimes

La Russie ou l’Ukraine pourraient être un jour contrainte de capituler.

En Russie, certains observateurs mettent en doute la stabilité du régime de Vladimir Poutine. Il pourrait finir par s’effondrer de l’intérieur, indique le professeur.

  • «Si l’Ukraine continue d’humilier l’armée russe, cela pourrait faire bouger les choses en Russie, ce serait dur pour Poutine de garder la tête haute si l’armée ukrainienne entre en Crimée.»
  • Toutefois, croit-il, si Poutine tombe, son successeur pourrait se livrer à une surenchère militaire et mener des offensives encore plus dures.  

Par ailleurs, le mécontentement de la population pourrait s’accroître et les soldats russes pourraient finir par se révolter.

  • «Ils se battent contre des russophones, des cousins ukrainiens.»

En Ukraine, Volodymyr Zelensky a été élu en 2019 en promettant la paix. 

Les Ukrainiens qui ont voté pour lui parce qu’il était prêt à faire des concessions pour stabiliser le pays pourraient plaider pour une fin du conflit. 

  • Aujourd’hui, les voix qui s’élèvent pour accepter une concession territoriale sont marginalisées dans l’espace médiatique ukrainien. 
  • Mais Yann Breault rappelle qu’elles étaient plus nombreuses avant la guerre.

Des élections présidentielles sont prévues l’an prochain en Ukraine et en Russie.

Johanna Sabys