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Analyse POLITIQUE

Les caribous ne votent pas. Les travailleurs forestiers, oui

Mis à jour le 22 juil 2022
Bernard Descôteaux
par Bernard Descôteaux
Chroniqueur politique à InfoBref, ancien directeur du Devoir
Les caribous ne votent pas. Les travailleurs forestiers, oui

(source: Dean Biggins, U.S. Fish and Wildlife Service, domaine public via Wikimedia Commons)

  • Espèce emblématique, le caribou est menacé de disparition au Québec. Ses défenseurs peinent à convaincre le gouvernement Legault de réagir avant qu’il ne soit trop tard.
  • À la veille des élections, le débat se politise. Aux yeux du gouvernement, la protection des emplois en milieu forestier est plus importante que la survie de cette espèce.

Les amis des chevreuils du parc Michel-Chartrand à Longueuil ont réussi à faire reculer les autorités municipales qui voulaient abattre une soixantaine de chevreuils en surnombre.

Bambi a su émouvoir le public.

Les caribous ont moins de chance.

  • Sur les hauts plateaux de la Gaspésie, de Charlevoix et en Abitibi, ils sont loin des caméras.

Leur situation est pourtant bien plus dramatique.

Leur cheptel diminue sans cesse.

  • En Abitibi, la harde ne compte plus que 7 individus.
  • Dans Charlevoix, ils ne sont que 16.
  • En Gaspésie, un peu plus d’une trentaine.
  • Au Lac-Saint-Jean, on en compte 177.

L’exploitation des forêts sur les terres de la couronne et dans les réserves fauniques est la source principale de leur malheur. Elle a modifié l’écosystème.

Les forêts anciennes qui sont l’habitat naturel du caribou ont été remplacées par des forêts nouvelles. Les routes construites pour en assurer l’exploitation sont devenues des autoroutes pour leurs prédateurs.


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La protection des caribous ne peut se faire sans des réaménagements du territoire et l’adoption d’une stratégie d’intervention globale.

À deux reprises, le ministre actuel des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, a rejeté de telles stratégies d’intervention.

En attendant, on crée des enclos, comme le gouvernement Couillard l’a fait en Abitibi.

Le parti-pris du ministre envers les compagnies forestières lui fait rejeter d’emblée toute mesure qui pourrait réduire la superficie du territoire accessible à l’industrie forestière.

Pour cette même raison, il rejetait l’an dernier 83 projets d’aires protégées dans le sud du Québec.

  • Toutes étaient situées dans des zones où les coupes forestières sont permises.

L’enjeu pour le gouvernement est d’abord économique.

Pour le premier ministre Legault, il faut trouver un équilibre entre la protection des caribous et la protection des emplois.

Une commission est en train d’évaluer les impacts financiers et économiques de divers scénarios possibles.

Il est certain que si on veut éviter tout impact économique, certaines hardes de caribous seront condamnées à disparaître.

À l’opposé, un réaménagement des territoires forestiers privera l’industrie de 900 000 mètres cubes de bois par année.

  • À la clé, il y aura des pertes d’emplois dans des régions ressources.

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Le drame des caribous est qu’ils ne votent pas, contrairement aux travailleurs en forêt et en usine.

La proximité des élections explique la volonté du gouvernement de reporter à 2023 toute décision – tout comme sa réaction vigoureuse face à la menace d’une intervention du gouvernement fédéral dans ce dossier.

Avec le ministre de l’Environnement fédéral, Steven Guilbeault, les caribous se sont trouvé un champion.

Le rapport de force vient de changer.

Les pouvoirs qu’il détient en matière de protection des espèces menacées lui permettront si nécessaire de décréter une vaste aire de protection des caribous.

Le ferait-il qu’il provoquerait un conflit politique avec le Québec.

Ce n’est sans doute pas ce qu’il recherche.

Pour le moment, la perspective d’un tel recours semble suffisante pour forcer un dialogue et un compromis.

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Bernard Descôteaux