Conseils pour vos FINANCES
Pourquoi les robots conseillers n’ont pas tenu leurs promesses
[crédit photo: Alex Knight | Unsplash]
- Il y a 10 ans, on prévoyait de beaux jours pour les robots-conseillers qui offraient une nouvelle façon, entièrement numérique et automatisée, de gérer ses placements.
- On trouve aujourd’hui une quinzaine de robots-conseillers au Canada. Il y a quelques succès d’estime, mais à peu près aucun profit. Voici pourquoi ces produits sont et resteront probablement une niche dans l’offre des services financiers.
En 2014, la famille Nicola de Vancouver lançait le premier robot-conseiller au Canada: Wealthbar.
Il a été suivi de près, la même année par Nest Wealth et par Wealthsimple, qui était largement inspiré de Betterment aux États-Unis.
Ces lancements ont fait beaucoup parler.
Mais les résultats qu’ils ont produits restent modestes.
Tous ont dû se refinancer, trouver des associés, et diversifier leur offre de produits et services pour survivre.
- Wealthsimple a été vendu à Power Corp., a ouvert une division de courtage en ligne et offre maintenant des comptes d’épargne.
- WealthBar a été vendu à la Financière CI et sert de complément à ses activités de conseils.
- Nest Wealth a reçu l’appui de la Banque Nationale et sa plateforme offre désormais des services institutionnels, des produits pour les plus petits clients des conseillers, et des régimes collectifs.
Même constat aux États-Unis.
- Betterment a ajouté des services de planification financière et de fiscalité, et tente par tous les moyens d’intéresser les clients ayant plus de 100 000 $ à investir.
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Longs à rentabiliser pour leurs créateurs
Aux États-Unis, le compte client moyen administré par un robot conseiller est d’à peine 12 000 $US.
Julien Brault, fondateur de l’application d’éducation financière québécoise Hardbacon, croit que le montant est similaire au Canada.
À 0,2% de marge brute en moyenne par client, ça laisse 2 $ de marge brute par mois.
Or, Randy Cass, fondateur de Nest Wealth, a mentionné l’an passé au Globe and Mail que le coût d’acquisition d’un client pour les robots-conseillers peut atteindre 1000 $.
À ce niveau, il faudrait plus de 40 ans pour récupérer en marge brute cet investissement!
Et cela ne tient même pas compte des coûts pour les salaires, l’infrastructure et la conformité.
La profitabilité arriverait sans doute plus vite en fabriquant des robots culinaires ou aspirateurs de type Roomba…
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Pourquoi peinent-ils à attirer de plus gros comptes?
La réponse tient certainement dans le synchronisme avec le cycle économique, les tendances démographiques, et le marketing déployé depuis leur lancement.
Au Canada, tous les promoteurs de robot-conseiller ont adopté la même stratégie:
- viser les clients millénariaux
- vanter le bas niveau des frais de gestion; et
- dire que les conseils d’experts financiers en chair et en os sont inutiles.
Il s’avère que c’étaient là 3 mauvaises idées.
«La clientèle visée ne fouille pas vraiment dans les frais ET elle ne veut rien savoir de la finance», affirme Julien Brault.
On aurait, selon lui, largement surestimé le taux d’épargne des millénariaux. «Et s’ils ont moindrement d’intérêt pour la finance, ils vont s’ouvrir un compte de courtage et s’acheter des FNB.»
En effet, on trouve maintenant des dizaines de FNB de répartition d’actifs, qui comprennent des proportions variables d’actions et d’obligations diversifiées et qui font le même boulot que les robots, à moindres frais.
Quant à la prétention selon laquelle le conseil en chair et en os allait s’évaporer dans le temps de le dire, on avait oublié un élément crucial: le rouleau compresseur démographique.
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Les transferts de capitaux intergénérationnels d’importance et les défis fiscaux qu’ils impliquent nécessitent le jugement humain, l’expertise et la personnalisation des solutions que seuls peuvent offrir des conseillers financiers et fiscaux d’expérience.
Ce qui fait qu’aujourd’hui, en 2021, jamais les planificateurs n’ont été aussi occupés. Ce tableau en témoigne:
Actifs sous gestion des investisseurs individuels au Canada, par formule de gestion ou catégorie de produits
Formule de gestion ou catégorie de produits | milliards $ |
Marché de détail canadien de l’investissement (cabinets, conseillers, …) | 4 450 |
Firmes de courtage avec conseils* | 1 581 |
Firmes de courtage en ligne* | 663 |
Fonds communs de placement | 1 701 |
Fonds négociés en bourse | 326 |
Robots conseillers | 9 |
* Les montants attribués à ces firmes peuvent comprendre une partie des actifs aussi attribués plus bas de façon distincte aux FCP et aux FNB.
Dans le secteur du conseil financier aussi, le manque de main-d’œuvre est criant.
Tellement, que les grands cabinets tentent de s’alléger en poussant les petits clients vers les «fonds de fonds» en FNB et vers… les robots-conseillers.
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