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Pour en finir avec le mythe de la «maison-investissement»

Publié le 29 mars 2024
Fabien Major
par Fabien Major
Professionnel de la finance, auteur et chroniqueur
Pour en finir avec le mythe de la «maison-investissement»

[crédit photo: Daniel Barnes | Unsplash]

  • Dans le paysage financier actuel, la perception de la propriété immobilière oscille entre stratégie infaillible d’investissement, et rêve accessible de stabilité et de sécurité.
  • 73% des répondants d’un récent sondage de Remax affirment que l’achat d’une maison est le meilleur investissement possible en 2024. Pourtant, il est essentiel de replacer la résidence dans sa perspective la plus élémentaire: c’est d’abord une dépense de consommation.

Cette constatation m’est venue à la suite d’une récente conversation avec le journaliste Stéphane Desjardins, auteur du nouveau guide sur l’immobilier Louer ou acheter paru il y a quelques jours.

Bien que l’immobilier puisse, dans certaines circonstances, se révéler être un investissement judicieux, son rôle principal reste celui d’un foyer, un toit sous lequel vivre, plutôt qu’un véhicule financier destiné à financer des études supérieures ou une retraite dorée.

L’idée que l’acquisition d’une propriété soit le Saint Graal de la planification financière personnelle persiste malgré des preuves contraires.

Entre février 2022 et janvier 2024, la valeur moyenne des maisons au Canada a reculé de 19,3%.

Selon l’Association canadienne de l’immobilier, au cours des 20 dernières années, la croissance annualisée de la valeur des maisons a été de 6%.

  • Or, cette valeur ne tient pas compte des taxes annuelles, frais de notaires, frais courtage, ni des couts d’entretien et de rénovation.

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L’origine du mythe

L’opinion vantant le principe que la «maison est le meilleur des placements» est soutenue par des décennies de hausse de la valeur immobilière, spécifiquement dans des marchés hautement convoités.

Cependant, il est crucial de comprendre que l’immobilier, tout comme n’importe quel marché, est sujet à des fluctuations et des cycles.

  • Les périodes de hausse peuvent donner une fausse impression de sécurité et masquer le cout réel associé à la possession d’une maison.

Les inconvénients de l’immobilier comme placement

Les frais inhérents à l’achat d’une propriété

Entretien paysagé, piscine, toitures, plomberie, taxes foncières, maintenance et de réparation, ainsi que les intérêts hypothécaires, s’accumulent au fil du temps.

Ces dépenses, souvent sous-estimées par les nouveaux propriétaires, peuvent absorber une part significative du budget familial, réduisant ainsi la capacité à investir ailleurs.

L’immobilier ne garantit pas toujours une appréciation à long terme

Les crises économiques, les changements démographiques, et les évolutions urbaines peuvent influencer négativement la valeur des propriétés.

En conséquence, compter sur la vente de la maison familiale pour financer des postes de dépense majeurs, comme les études des enfants ou la retraite, est un pari risqué.

La très faible liquidité

La liquidité de l’immobilier, c’est-à-dire sa capacité à le transformer rapidement en argent liquide, ne peut être comparée à celle des placements financiers traditionnels.

Vendre une propriété peut prendre du temps.

  • Au mieux, on peut revendre en quelques semaines et cela peut s’avérer complexe, particulièrement dans un marché en baisse.

Ce manque de flexibilité peut entraver la capacité à réagir rapidement aux imprévus.


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La bonne place pour l’immobilier dans les placements

L’immobilier ne doit pas être complètement écarté en tant qu’élément de planification financière.

Au contraire: lorsqu’il est intégré de manière réfléchie et équilibrée dans un portefeuille diversifié, il contribue à la stabilité et à la croissance du patrimoine à long terme.

L’astuce réside dans la reconnaissance de sa véritable nature: un engagement financier conséquent, avec ses risques et ses couts, plutôt qu’un billet gagnant à La poule aux œufs d’or qui garantirait la sécurité financière future.

Une maison est avant tout un lieu de vie, un nid familial, et non une machine à faire de l’argent.

Bien qu’il puisse, dans certains cas, s’apprécier et générer un retour sur investissement, il est prudent de ne pas placer tous ses espoirs financiers dans l’immobilier.

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Fabien Major