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Le pouvoir limité des boycottages

Publié le 4 oct. 2024
Fabien Major
par Fabien Major
Professionnel de la finance, auteur et chroniqueur
Le pouvoir limité des boycottages

[crédit photo: Elena Leya | Unsplash]

  • Le conflit qui s’envenime au Proche-Orient incite certains à appeler au boycottage de produits israéliens ou de toute société ayant des intérêts importants au pays de Netanyahou.
  • Or, l’efficacité réelle des boycotts est souvent remise en question. Si certains ont réussi à produire des effets mesurables, d’autres ont eu un impact presque nul sur la consommation de masse.

Ce texte a été rédigé par Fabien Major, MBA, CIM, Pl.fin, professionnel de la finance, auteur et chroniqueur.

Les boycottages ont longtemps été utilisés comme un moyen pour les consommateurs d’exprimer leur désaccord envers les pratiques d’une entreprise ou d’un État.

En refusant d’acheter certains produits ou services, les participants espèrent infliger une pression économique suffisante pour engendrer des changements.

Des boycottages qui réussissent

Un exemple notable de boycottage réussi est celui du mouvement antiapartheid en Afrique du Sud.

Dans les années 1980, une campagne internationale a appelé au boycottage des produits sud-africains pour protester contre le régime de ségrégation raciale.

  • Ce mouvement a contribué à isoler le pays sur le plan économique
  • Il a exercé une pression sur le gouvernement sud-africain qui a finalement conduit à la fin de l’apartheid en 1994.

Un autre exemple est le boycottage des bus de Montgomery en 1955-1956 aux États-Unis.

Initié après l’arrestation de Rosa Parks, ce boycottage a vu la communauté afro-américaine refuser d’utiliser les bus municipaux pour protester contre la ségrégation raciale.

Durant plus d’un an, le mouvement a infligé des pertes financières importantes aux sociétés de transport en bus.

Cela a abouti à une décision de la Cour suprême déclarant illégale la ségrégation dans les transports publics.

Cependant, tous les boycottages n’ont pas cette efficacité.


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Des boycottages qui échouent, ou à faible impact

Le boycottage de Nestlé, dans les années 1970 et 1980, visait à dénoncer la promotion agressive du lait maternisé dans les pays en développement, ce qui aurait conduit à des problèmes de santé chez les nourrissons.

Malgré une mauvaise publicité pour l’entreprise, Nestlé a continué à prospérer.

Bien que le boycottage ait conduit à des discussions sur l’éthique des pratiques commerciales et à l’adoption du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel par l’OMS, l’impact financier a été limité.

De même, les appels au boycottage d’Amazon en raison de ses pratiques de travail controversées et de son impact sur les petites entreprises locales n’ont pas réussi à freiner la croissance de la société.

Malgré une sensibilisation accrue aux conditions de travail dans les entrepôts et aux pratiques fiscales de l’entreprise, Amazon continue d’enregistrer des profits records.

La commodité offerte par la plateforme et le manque d’alternatives comparables rendent difficile une mobilisation massive des consommateurs.

Les tentatives de boycotter les compagnies pétrolières pour protester contre leur rôle de leur industrie dans les changements climatiques illustrent également les limites de cet outil.

La dépendance mondiale au pétrole rend impraticable un boycottage efficace.

Les compagnies pétrolières continuent de réaliser des bénéfices substantiels, et les changements dans les habitudes de consommation d’énergie restent lents malgré l’urgence environnementale.


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Pourquoi certains boycottages fonctionnent mieux que d’autres

Plusieurs facteurs expliquent pourquoi certains boycottages échouent à produire un effet significatif. En voici trois:

1.  La mobilisation des consommateurs est souvent insuffisante

Sans une participation massive et soutenue, l’impact financier sur l’entreprise ciblée reste négligeable.

2.  Les habitudes de consommation sont difficiles à changer

Les consommateurs peuvent être réticents à renoncer à des produits ou services qui leur offrent commodité ou satisfaction, même s’ils sont conscients des problèmes éthiques associés.

3.  Le manque d’alternatives viables peut limiter l’efficacité d’un boycottage

Dans une économie mondialisée, les entreprises peuvent diversifier leurs marchés et réduire l’impact d’un boycottage localisé. Les multinationales ont les ressources pour absorber les pertes temporaires ou pour réorienter leurs efforts vers des marchés moins hostiles.

Les succès notables sont généralement le résultat d’une conjonction de facteurs, y compris une mobilisation massive, une couverture médiatique importante et des pressions politiques synchronisées.

Sans ces éléments, les tentatives de limiter la consommation de masse par le boycottage risquent de rester symboliques.

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