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Analyse POLITIQUE

Armes de poing: pourquoi Trudeau reste sourd aux demandes de contrôle

Mis à jour le 20 fév 2021
Bernard Descôteaux
par Bernard Descôteaux
Chroniqueur politique à InfoBref, ancien directeur du Devoir
Armes de poing: pourquoi Trudeau reste sourd aux demandes de contrôle

(Photo Unsplash)

  • Les armes de poing sont celles qui font le plus de victimes au Canada. Plus que les armes d’assaut. À Montréal, Toronto et Vancouver, elles sont un fléau.
  • Une loi assurant leur contrôle avait été promise en 2015. Elle tarde toujours à venir. Le gouvernement Trudeau reste sourd aux pressions des villes à qui il renvoie la balle.

La mort de la jeune Meriem Boundaoui dimanche dernier, victime innocente d’une énième fusillade survenue en pleine rue dans le nord-est de Montréal, a relancé les appels au gouvernement fédéral pour qu’il modifie le code criminel et instaure un contrôle des armes de poing.

La circulation de ces armes ne cesse de s’accroître.

  • Plus d’un million d’armes de poing étaient enregistrées au Canada en 2019, soit 60% de plus qu’en 2012.
  • Les homicides commis au Canada par balle, au nombre de 249 en 2018, l’ont été six fois sur dix par des armes de poing.
  • Le Service de police de Montréal a recensé en 2020 quelque 440 incidents impliquant des armes à feu, en augmentation de 15% par rapport à l’année précédente.
  • Le Journal de Montréal a recensé 33 fusillades dans des lieux publics de Montréal ces six derniers mois.

Le marché des armes de poing est florissant. Elles viennent souvent des États-Unis. Il est aussi facile d’en fabriquer illégalement.

Les experts constatent une forme de banalisation de la possession de ces armes, notamment chez les jeunes inspirés par ce qu’ils voient sur les réseaux sociaux.

La lutte aux groupes criminalisés qui s’affrontent ouvertement dans certains quartiers de Montréal exige une concertation des différents intervenants:

  • sociaux et communautaires pour œuvrer en prévention;
  • policiers au plan de la répression. À Montréal, une Escouade dédiée à la lutte au trafic d’armes entrera en fonction ces prochains jours.

La capacité des grandes métropoles de reprendre le contrôle de la criminalité tient aux moyens dont elles disposent.

Outre les ressources financières, elles déplorent le manque de moyens légaux. Régulièrement, les élus municipaux réitèrent leur demande à Ottawa d’imposer des contrôles sur la possession des armes de poing.

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Le gouvernement Trudeau connaît très bien les enjeux de criminalité posés par la possession des armes à feu. Il a d’ailleurs tenu une partie de sa promesse de 2015 de mettre en place des contrôles. Toutefois, il ne l’a fait que pour les armes d’assaut, pour lesquelles il s’apprête à mettre en place un programme – contesté parce que volontaire – de rachat.

Pour les armes de poing, il tergiverse.

Il propose de donner aux villes qui le voudraient un pouvoir de réglementation. Une forme de libre-choix que la mairesse de Montréal trouve absurde, à raison. La prohibition de ces armes à Montréal n’aurait aucun sens si elle ne s’applique pas à la ville voisine. On n’imagine pas, à l’inverse, qu’on aurait pu laisser à chaque ville le choix de décriminaliser la possession de cannabis.

L’incohérence de cette position trouve explication dans des motifs électoraux.

  • L’Alberta et la Saskatchewan, s’opposent à l’adoption de mesures de contrôle des armes de poing.
  • L’Ontario a des réserves.

Justin Trudeau ne veut pas les affronter, du moins pas à quelques mois d’une élection. Cela ressemble beaucoup à une fuite en avant.

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Bernard Descôteaux