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Conseils pour vos FINANCES

Éviter les excès du mouvement «Indépendance financière, retraite précoce»

Mis à jour le 4 oct. 2025
Fabien Major
par Fabien Major
Professionnel de la finance, auteur et chroniqueur
Éviter les excès du mouvement «Indépendance financière, retraite précoce»

[crédit photo: Towfiqu Barbhuiya | Unsplash]

Le mouvement FIRE (Financial Independence, Retire Early) a gagné beaucoup d’adeptes depuis une dizaine d’années.

La frugalité est une vertu, mais il ne faut pas tomber dans l’excès. Voici quelques conseils pour trouver un équilibre.

Ce texte a été rédigé par Fabien Major, MBA, CIM, Pl.fin, professionnel de la finance, auteur et chroniqueur.

J’ai connu Gilles au début des années 1980. Gilles vivait frugalement jusqu’au bout des ongles: il faisait ses propres saucisses, réparait ses sous-vêtements au fil, ne payait jamais aucun pourboire, n’achetait jamais de café à l’extérieur.

Il avait commencé à disjoncter à vingt ans, en voulant bâtir une réserve, investir pour l’avenir, «être indépendant». Mais à la quarantaine, ses amis ne l’appelaient plus: «c’est l’ami qui ne veut jamais payer sa part». Le groupe a fini par l’exclure, ou plutôt l’ignorer.

J’ai pensé à Gilles cette semaine en lisant la description d’un avocat de Chicago dans un article du site américain Kiplinger*.

Cette personne «gagne plus de 200 000 $ par an, mais refuse de participer à la charité, ne laisse jamais de pourboire, amène toujours son lunch au bureau, etc.». Ce comportement finit par créer une atmosphère «toxique» dans son équipe.

Ce portrait illustre la frontière qu’une frugalité extrême peut franchir – de la prudence à la pingrerie, de l’autonomie à l’isolement.

La frugalité – éviter les gaspillages, retarder les gratifications, investir dans l’essentiel – est louable en tant que vertu.

Mais quand chaque dépense devient un conflit intérieur, quand on calcule jusqu’au cent ce qu’il «reste permis», quand on évite les sorties avec amis parce «qu’on ne peut pas payer», on entre dans un territoire sociologiquement et psychologiquement périlleux.


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Les limites à ne pas dépasser

Ne pas sacrifier le lien social pour l’économie
Les relations humaines — amitié, famille — demandent parfois de petits investissements (un café, un cadeau, une sortie).

Si vous appliquez un compte exact à chaque échange, vous rompez la spontanéité et faites naître ressentiment et incompréhension.

  • Le «compte à rebours» est le poison de la convivialité.

Ne pas tomber dans la rigidité extrême («tout ou rien»)
Si chaque dollar dépensé est vu comme un échec moral, vous vous privez de micro-plaisirs qui nourrissent l’âme: un bon repas avec un ami, un ouvrage rare, un voyage simple.

Surveiller les racines psychologiques – voire pathologiques
La pingrerie extrême peut parfois s’apparenter à une forme de trouble de la personnalité obsessive-compulsive (OCPD), quand l’obsession du contrôle, de l’ordre, du détail prend le pas sur la flexibilité.
On observe aussi une dimension transgénérationnelle: des enfants qui ont vécu des périodes de privation (guerre, crise) intériorisent des peurs profondes qu’ils traduisent en «sauvegarde excessive».

Ne pas confondre modèle externe et modèle personnel
Beaucoup de «finfluenceurs» (influenceurs financiers) martèlent qu’il faut acheter le moins possible, économiser 50% du revenu, vivre dans un van, etc..

Mais la vie n’est pas un concours de sobriété: il faut calibrer selon ses valeurs, ses priorités, ses énergies.


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Comment continuer à s’épanouir, humainement et financièrement, hors des diktats de la frugalité extrême?

Redéfinir le «bon usage» de l’argent
Considérez que l’argent n’est pas une fin mais un levier.

Dépensez-en ce qui nourrit votre être (une passion, une formation, des relations).

L’équilibre se trouve entre «ne pas jeter» et «oser investir dans le sens».

Allouer un «budget plaisir» régulier, sans culpabilité
Par exemple 1% à 5% de vos revenus pour des petits caprices conscients – un bon repas, un livre, un spectacle.

Le but n’est pas de ruiner le bilan, mais de rappeler que la vie mérite d’être goûtée.

Choisir ses batailles, et rester flexible
Il n’est pas nécessaire d’être radicalement frugal sur tout.

Choisissez les domaines où vous faites «des économies de poids» (assurances, abonnements, impôts) et relâchez un peu sur les petits plaisirs.

Éviter la comparaison constante
Ne vous mesurez pas aux influenceurs qui publient leurs réussites extrêmes.

Votre cadre de vie, vos contraintes, vos désirs sont différents. Un modèle imposé ne vaut pas un modèle choisi.

Si vous constatez que vous ruminez à chaque dépense, que vous culpabilisez durablement, que vous fuyez toute dépense même utile, vous devez consulter.

  • Il peut y avoir une dimension de trouble obsessionnel ou une peur irraisonnée.

La frugalité est une vertu quand elle reste au service de votre liberté, non quand elle devient votre tyran.

Trop d’économie tue la joie, la spontanéité et l’amitié.

* https://www.kiplinger.com/article/spending/t037-c032-s014-understanding-and-dealing-with-misers.html

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