Conseils pour vos FINANCES
Le cout caché des CPG – il n’y a pas de lunch gratuit!
(source: David Tyemnyak / Unsplash)
- Depuis un an, plusieurs encensent les certificats de placement garantis (CPG) en raison de la protection qu’ils offrent à leurs détenteurs, des taux d’intérêt alléchants, et aussi de leur gratuité.
- Ce dernier argument est erroné. Non seulement les CPG ne sont pas gratuits pour l’utilisateur, mais ils sont probablement les produits financiers les plus lucratifs pour les institutions.
Un CPG, qu’est-ce que c’est?
Les CPG sont des produits d’investissement à faible risque qui offrent un rendement fixe sur une période donnée.
- En ce moment, il est facile d’obtenir plus de 5% pour un CPG de 12 mois.
Lorsqu’un client dépose de l’argent dans un CPG, en échange d’un taux d’intérêt garanti, il s’engage à ne pas retirer ses fonds pendant une période déterminée.
Les CPG sont souvent utilisés comme un moyen sûr de faire fructifier des économies en vue d’un projet précis, sans risquer de perdre son capital.
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Pourquoi est-ce si intéressant pour les banques?
Les banques utilisent les dépôts des clients, y compris les CPG, comme une source de financement pour leurs activités de prêt.
En d’autres termes, l’argent que vous déposez dans un CPG est ensuite prêté à d’autres clients sous forme de prêts personnels, automobiles, commerciaux, et surtout hypothécaires.
C’est ainsi que les banques génèrent des revenus: en prêtant de l’argent à un taux d’intérêt plus élevé qu’elles ne paient sur les dépôts.
Combien les banques peuvent-elles prêter?
On entend couramment que les banques peuvent prêter jusqu’à 10 fois le montant des dépôts qu’elles reçoivent.
C’est parfois le cas, mais cette affirmation est une simplification.
- Au Canada, les banques sont soumises à des règlementations strictes concernant le montant qu’elles peuvent prêter par rapport à leurs dépôts. Ce ratio est souvent appelé le «ratio de levier» ou le «ratio de capital».
- Il ne s’agit pas d’un multiplicateur fixe comme «10 fois», mais plutôt d’un ratio calculé en fonction de divers facteurs, y compris le type de prêt et le profil de risque associé.
- En tenant compte de tous les facteurs, en fin de compte, ça peut être plus ou moins que 10 fois.
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Comment les banques profitent-elles de l’effet de levier?
Lorsqu’elle reçoit un dépôt en CPG, la banque peut donc prêter votre argent en s’en servant comme levier. Elle ne s’en prive pas, c’est même la base de son modèle d’affaires.
Prenons un exemple: Richard a 100 000 $ qu’il souhaite placer.
- Sa banque lui propose un CPG d’un an à 5%.
- Au bout de 12 mois, Richard recevra 5000 $ en intérêt (100% imposables dans un compte au comptant qui ne fait pas partie d’un REER ni d’un CELI).
Si la banque prête la même somme dans le cadre d’une hypothèque d’un an à 7,25%, la banque fera un profit brut de 2250 $, soit 2,25% du montant.
Cet «écart» entre le rendement de Richard et celui perçu par la banque n’est pas à proprement parler un frais pour Richard.
Mais c’est certainement une perte d’opportunités. Sans l’apport en capital de Richard, la banque ne pourrait recevoir le revenu de cet écart, qu’elle ne partagera pas avec le déposant.
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L’avantage, pour la banque, ne s’arrête pas là.
Si les ratios le lui permettent, elle pourrait bien prêter le montant déposé de 100 000 $ non pas une fois, mais 10 fois.
Ici, on parle d’un million $.
À 7,25%, son bénéfice brut serait alors de 2250 $ + (7250 $ x 9) = 67 500 $.
Par rapport au montant apporté par Richard, ce serait une marge bénéficiaire brute de 67,5%, en une année seulement.
Le prix de l’apparente gratuité
Si la raison pour laquelle Richard choisit d’investir dans un CPG est qu’il juge que les frais des fonds, FNB ou les honoraires des planificateurs sont trop élevés, le petit «détail» que je viens d’exposer devrait le secouer.
- Prétendre auprès de Richard que le CPG qu’on lui propose est un produit financier sans frais serait, d’une certaine façon, trompeur.
- Appelons cela écart, marge, cout, loyer, indemnisation ou autrement: le résultat est que la banque s’enrichit avec ses capitaux.
Certes, l’exemple de Richard est très simplifié. Il ne tient pas compte de nombreux éléments: frais administratifs, couts de gestion des risques, impôts, provisions pour pertes sur prêts, etc.
Il donne néanmoins une bonne idée de la manière dont les banques génèrent des profits avec les prêts hypothécaires qu’ils peuvent proposer à certains clients grâce aux dépôts d’autres clients.
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