Conseils pour vos FINANCES
La Banque du Canada va faire saigner l’immobilier
[crédit photo: Bermix Studio | Unsplash]
- La récente hausse du taux directeur canadien de 0,25 point de pourcentage renforce ma conviction que l’immobilier est une des cibles principales du gouverneur de notre banque centrale.
- Cette neuvième hausse en prend plusieurs par surprise. Mais il faut dire que les récentes données sur l’inflation démontraient clairement que le secteur de l’habitation ne s’est pas contracté autant que le souhaitait la Banque du Canada. Elle a donc choisi de le faire souffrir davantage.
Au cours des 12 derniers mois, l’indice du prix des maisons Teranet-Banque Nationale a reculé de 8,5% depuis le pic d’avril 2022.
- La baisse s’observe dans les 11 marchés d’importance couverts par l’indice.
- Les agglomérations les plus affectées sont Hamilton (-14,8%) et Toronto (-12,2%) et Ottawa-Gatineau (-9,7%).
Au premier coup d’œil, cette baisse semble importante.
Mais on doit rappeler que, depuis 3 ans, le prix moyen des maisons a littéralement explosé. Par endroit, la hausse atteignait 100%.
Au sommet du marché, soit au printemps 2022, le prix moyen d’une maison au Canada était de 816 720 $.
Un repli de 8,5% sur cette moyenne ne réduit le prix que de 69 421 $.
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Pourquoi frapper l’immobilier où ça fait mal?
Si la Banque du Canada mentionne presque toujours le marché immobilier dans ses commentaires pour expliquer ses faits et gestes, c’est parce que le logement est une composante importante de l’indice des prix à la consommation.
Une première maison ou un déménagement entraine inévitablement une cascade de dépenses.
Les milliards de dollars qui en découlent ruissellent ensuite partout dans l’économie.
- Les nouveaux voisins ont besoin d’un cabanon, d’une tondeuse, de rideaux, de peinture, de nouveaux meubles, etc.
- Et même, parfois, d’une deuxième voiture.
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Des signaux déjà inquiétants
La 9e hausse enfantera-t-elle une récession sévère? C’est bien possible.
Lorsqu’elle débute une séquence de hausses du taux directeur, la banque centrale s’attend:
- à un impact timide dans les 12 mois; puis
- à des effets bien sentis entre 18 et 24 mois plus tard.
Pourtant certaines statistiques québécoises donnent déjà froid dans le dos.
Parmi les composantes formant l’indice des difficultés financières dans les statistiques de l’habitation et du logement au Québec, on constate que:
- les hypothèques légales dans le domaine de la construction pour recouvrir des sommes impayées ont crû de 90%;
- les préavis pour non-paiement d’hypothèque ont augmenté de 76%; et
- les saisies ont bondi de 133%.
La dernière hausse des taux ne fera donc qu’ajouter de la pression supplémentaire sur des ménages déjà étouffés financièrement.
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Est-ce une bonne politique?
Je comprends que le contrôle de l’inflation est LA mission première de la Banque du Canada.
Mais une partie de l’enflure des prix ne peut s’apaiser en martelant des hausses de taux à répétition. Le pays a besoin de politiques novatrices encourageant la productivité des entreprises et la création de logements neufs. Ne serait-ce que pour répondre à la vague d’immigration qui a fait bondir récemment la population canadienne d’un million d’habitants.
Il n’est pas difficile de comprendre qu’une partie de l’inflation ne s’explique pas par de la surconsommation, mais plutôt par des pénuries de main-d’œuvre et de résidences.
Il est grandement temps que la Banque lève son pied de l’accélérateur.
Ce n’est pas en créant de la pauvreté que de nouvelles habitations vont jaillir du sol.
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