Entrevue
Ukraine: où en est-on après 6 mois de guerre?
Vladimir Poutine (Source: Kremlin)
- La Russie a envahi l’Ukraine il y a 6 mois. Le conflit s’enlise. Les négociations entre les 2 pays sont à l’arrêt. La Russie n’a pas atteint ses objectifs. Les pays occidentaux continuent de soutenir l’Ukraine.
- «Nous sommes plus que jamais dans un immense brouillard», explique à InfoBref Yann Breault, professeur au Collège militaire royal de Saint-Jean et codirecteur de l’Observatoire de l’Eurasie à l’UQAM. «On y verra plus clair un jour, dit-il, mais pas dans les prochains mois.»
Sur le terrain, il n’y a pas eu de «mouvement significatif» depuis le mois de juin.
- On s’attendait à une contre-offensive ukrainienne autour de Kherson, au sud du pays. Elle ne s’est pas concrétisée, note le professeur.
- On pensait voir toutes les villes de la région séparatiste de Donetsk «tomber» au profit des forces russes, mais ce n’est pas encore le cas.
Il y a un «épuisement» des deux côtés.
- Chez les Russes, c’est au niveau «des ressources humaines», souligne Yann Breault. Il estime qu’environ 40 000 soldats russes auraient été tués depuis fin février.
- Chez les Ukrainiens, «ce sont les stocks d’armes qui pourraient manquer».
La guerre pourrait perdurer:
- si, du côté russe, «la stabilité politique de Poutine ou de son successeur désigné se maintient: la Russie semble déterminée à rester en guerre avec l’Ukraine et l’Occident pendant des années»; et
- si, du côté ukrainien, le soutien des pays occidentaux ne faiblit pas: «le pays est dépendant de nouveaux arrivages d’armes».
Comment se termine une telle guerre?
«Il faut une victoire d’un camp ou de l’autre», répond Yann Breault, en soulignant qu’il est encore impossible de prédire l’issue militaire du conflit.
La Russie «parie» que la crise énergétique va, à moyen terme, affaiblir le soutien de l’Europe, et que les autres pays vont finir par «détourner leur attention de l’Ukraine, pour la porter vers une autre région du monde, comme Taïwan», croit le professeur.
Certains experts pensent, au contraire, que «le régime russe pourrait être affaibli de l’intérieur: les oligarques ont beaucoup perdu, et Poutine n’a pas livré la marchandise en termes de succès militaires».